Syrie: les groupes soutenus par les Etats-Unis au bord d’un conflit armé ?

La situation entre factions arabes et kurdes luttant contre l’Etat islamique se détériore sévèrement. Soutenus par les Etats-Unis, différents groupes en viennent à s’affronter sur le terrain. Washington regarde la situation de près.

Le 12 juin, un groupe de l’Armée syrienne libre aurait tiré un missile guidé sur une position des Unités de protection du peuple (YPG). C’est ce que clame le groupe de combattants kurdes.

L’accusation témoigne du degré des tensions actuelles entre les différentes factions soutenues par les Etats-Unis. Alliés contre l’Etat islamique, l’Armée syrienne libre et les Unités de protection du peuple poursuivent des buts différents. Si les premiers font du départ de Bachar el-Assad une priorité, les seconds pensent à consolider leur zone de contrôle dans le nord-est du pays.

Méfiance à tous les étages

Sur un théâtre de conflits, poursuivre des buts différents n’est jamais très productif. Ainsi, chaque camp s’accuse mutuellement de pactiser avec l’ennemi et porte le conflit sur le terrain ethnique.

S’ils veulent la guerre, ils la perdront

Arabes et Kurdes ne se font pas confiance. «Les divisions sont très fortes entre eux, explique le chef du politburo de Jabha Shamiya, l’un des groupes les plus importants de l’Armée syrienne libre dans la région d’Alep. Si une solution politique n’est pas trouvée très vite, nous irons tout droit vers une escalade.» Du côté des Kurdes, Redur Xelil, porte-parole des Unités de protection du peuple, se montre enclin à négocier mais ferme : «S’ils veulent la guerre, ils l’auront.»

https://twitter.com/Rojava_News_/status/743546612597800960

Le problème principal reste l’objectif politique des Kurdes qui est d’obtenir l’autonomie dans la région du nord-est syrien. Les Arabes voient celui-ci comme un projet séparatiste. Ils ne leur font pas confiance pour stabiliser les zones qu’ils prennent sous contrôle. Les forces arabes anti-Assad comparent les Kurdes aux chiites, qui luttent également contre l’Etat islamique mais à qui ils n’accordent aucun crédit.

Jeu d’échec risqué

Aux Etats-Unis, on est parfaitement conscient de la situation. La puissance de feu des Kurdes est la pièce maîtresse des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition formée en octobre dernier et qui regroupe des factions luttant contre Daesh. «Il y a un énorme manque de confiance vis à vis des intentions et du contrôle des territoires. Nous sommes très sensibles à cela», a rapporté un officiel de l’armée américaine cité par Reuters.

L’autre point de friction entre Kurdes et Arabes demeure les relations avec Damas et la Russie. Les premiers semblent moins hostiles au pouvoir en place que les seconds. Des groupes rebelles ont accusé les Unités de protection du peuple d’avoir agi en coordination avec le gouvernement syrien et l’armée russe dans la région d’Alep. Les Kurdes nient formellement.

Il en va de même pour les relations avec la Turquie. La porosité entre certains groupes rebelles et les islamistes font que les premiers sont vus d’un bon oeil par Ankara, qui n’hésite pas à les soutenir. Les Kurdes syriens, proches de leurs homologues du PKK en Turquie, sont des ennemis jurés du gouvernement d’Ankara.

Ce n’est pas la première fois que Washington se retrouve en difficulté avec les groupes qu’elle soutient. Récemment, Jurgen Todenhofer, le premier journaliste à avoir eu accès à Daesh, a accusé les Etats-Unis de jouer sur plusieurs tableaux pour «diviser la Syrie».

Sans compter qu’une partie non négligeable des rebelles entraînés et armés par la CIA a rejoint les islamistes. Ces alliances ont notamment poussé des milices chiites, pourtant alliées des Etats-Unis en Irak, à combattre aux côtés des troupes de… Bachar el-Assad.

source: https://francais.rt.com/international/22567-syrie-groupes-soutenus-par-etats-unis-au-bord-conflit-arme

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Intiqam
Intiqam
24 juin 2016 12 h 16 min
Ce serait une bonne chose que les FDS implose et que l’AAS récupère leur territoire sans trop forcer et surtout en évitant une confrontation directe avec les Kurdes, ce qui precipiteraient une invasion occidentale.
Mais seulement APRÈS que les Kurdes aient saisi la portion de frontière sous contrôle de daesh, et que celui-ci, désormais plus ravitaillé, soit en pleine débandade à Dayr az Zawr et Raqqa (après l’offensive «ratée» par l’axe Salamiyeh Raqqa, l’armée syrienne retente le coup du côté de Dayr Hafer).
Il faudrait aussi attendre que l’armée arabe syrienne perce à Alep et Idlib, sinon l’implosion des FDS profiterait au Jabhat al Nusra…
C’est peut-être pour ça justement que les dissensions arrivent maintenant, les USA et Israël ne veulent pas qu’un groupe quel qu’il soit ait la prédominance sur les autres, mais que tous soient à peu près de forces égales et continuent de massacrer les uns les autres afin de faire de la Syrie un no mans land, un trou noir, une Somalie moyen-orientale.
Mais si les USA lâchent les Kurdes, Erdogan ne va pas être content car il compte sur un pseudo Kurdistan syrien, annexé par Barzani, pour y expulser les Kurdes turcs afin de régler le «problème» kurde et «nettoyer» ethniquement la Turquie.
Israël s’est d’ailleurs prononcé pour un Kurdistan séparant la Turquie de l’Iran. Certes ces deux pays sont objectivement ennemis mais qu’arriverait-il si Erdogan revenait à la raison ou qu’il soit remplacé, que l’agression et le soutien au terrorisme turcs cessent, et que ces deux pays s’entendent ?
On pourrait espérer un «Iranian stream», avec un réseau de Pipeline russe qui traverse la Caspienne (au passage ramasse les hydrocarbures azéris en échange de concession sur le Nagorny Kabarakh et pour l’éloigner du giron israélien), passe par l’Iran et ramasse la production iranienne, traverse la Turquie et inonde l’Europe !
L’Europe dépendrait donc énergétiquement de la Russie et l’Iran, ce qui l’obligerait à reconsidérer ses alliances (bye bye porcs saoudiens et qataris) et sa politique dans la région !
Et puisque je suis en train de rêver autant aller jusqu’au bout : créer un réseau de pipelines partant du kurdistan irakien (retourné sous contrôle de Baghdad) et syrien qui se greffent à cet iranian stream ! Énorme renversement de situation ! Ces pays producteurs ne seraient plus concurrents mais associés, chacun étant rétribué selon sa fourniture en hydrocarbure.
Et si le marché européen ne suffit pas à absorber tout ce volume énergétique, on peut imaginer qu’en Iran, le stream se coupe en 2 : un bout qui va donc jusqu’en Europe et l’autre qui abreuve l’Inde, l’Afghanistan et le Pakistan !
GHOZLAN
GHOZLAN
24 juin 2016 17 h 34 min
Un projet Gazier immense est né récemment par une signature du protocole à Téhéran entre la Russie ;l’Iran et l’Azairbidjan , cet important projet consiste a faire passer du Gaz ( GazProm Russe) de la mer Caspienne par un gigantesque Pipe-Line traversant ces 03 Pays pour déboucher sur le détroit d’Ormuz au sud de l’Iran, une fois Gaz et Pétrole acheminés via Irak-Syrie vers l’Europe, Bay Bay les Les Bédouins Wahhabiste ( début de réalisation du projet début 2017 )
hakim
hakim
24 juin 2016 23 h 27 min
Les bush et les Clinton

L ancien président de l ONU Ashley retrouve mort dans sa chambre ,par le FBI venu le ramener pour témoigner contre hylarie Clinton.