Le monopole gazier russe Gazprom et le ministère turc de l’Énergie et des Ressources naturelles ont trouvé un accord définitif sur le tracé du gazoduc Turkish Stream, qui reliera par le fond de la mer Noire la Russie à l’Europe du Sud. Les experts russes estiment que cet accord confirme que le gazoduc verra bien le jour, et que la Russie a définitivement renoncé au projet équivalent, South Stream.
Le monopole gazier russe Gazprom et le ministère turc de l’Énergie et des Ressources naturelles ont défini le tracé final de Turkish Stream, un gazoduc d’une capacité de 63 milliards de m3 de gaz qui reliera par le fond de la mer Noire la Russie à l’Europe du Sud. « Le tronçon terrestre du gazoduc Turkish Stream est désormais défini et cartographié pour la prospection et la conception futures, c’est le principal », a déclaré le dirigeant de Gazprom Alexeï Miller à l’agence d’information russe TASS. Le service de presse du monopole russe nous a précisé que les parties avaient défini les principaux points du tracé, et évoqué les derniers détails techniques. Ainsi, le gazoduc sortira de la mer à proximité du village Kiyikoy, puis traversera la frontière de la Turquie et de la Grèce près d’Ipsala.
Détails du projet
Conformément aux accords entre la Russie et la Turquie, la partie maritime de Turkish Stream suivra le tracé de South Stream sur 660 km ; ainsi Gazprom n’aura pas à investir dans de nouvelles prospections maritimes. Puis le gazoduc se dirigera vers la côte européenne de la Turquie. South Stream devait lui aussi relier la Russie et l’Europe du Sud, mais la compagnie russe a renoncé au projet en raison de la position de la Bulgarie, qui a suspendu les travaux de construction du gazoduc à la demande de la Commission européenne.
Le service de presse de Gazprom explique que les travaux de prospection et de conception du tronçon maritime turc du nouveau gazoduc devraient débuter prochainement. Pour cela, Gazprom a racheté en décembre 2014 50% des parts de la partie maritime de South Stream, South Stream Transport B.V., à ses partenaires européens Eni, Wintershall et EDF, annonce le quotidien économique Kommersant. Selon le quotidien, le montant de la transaction s’élève à 880 millions d’euros. La pose des pipes de Turkish Stream sera assurée par le constructeur italien Saipem.
« La rencontre entre Miller et le responsable turc du ministère concerné est importante pour plusieurs raisons. Premièrement, les discussions sur les paramètres concrets du projet témoignent du sérieux des intentions de la Russie et de la Turquie », explique l’analyste du holding d’investissement Finam Anatoli Vakoulenko. Selon lui, c’est un signal en direction des pays européens qui comptent sur la reprise de la construction de South Stream. Deuxièmement, cette rencontre montre que les parties souhaitent vivement lancer la construction de Turkish Stream au plus vite, ajoute Anatoli Vakoulenko. « Ainsi, la Turquie pourra recevoir le gaz naturel et la Russie encaisser l’argent de l’exportation du gaz plus rapidement », explique-t-il.
Perspectives à long terme
Anatoli Vakoulenko estime globalement que les résultats de la rencontre sont positifs, bien que les conclusions sur le coût final du projet soient prématurées – il faut attendre d’avoir plus d’éléments concrets. « Le projet sera, en grande partie, réalisé sur l’infrastructure de South Stream, ce qui permettra d’économiser du temps et de l’argent dans tous les cas de figure », ajoute-t-il. Selon les informations de Gazprom, les besoins croissants en gaz naturel de la région d’Istanbul seront pris en compte lors de la conception du gazoduc : en fin de compte, les volumes de gaz qui seront livrés à la frontière entre la Turquie et la Russie ont été évalués à 47 milliards de m3 par an. C’est ce gaz qui sera destiné aux clients européens.
Toutefois, l’analyste en chef d’UFS IC Ilya Balakirev estime que cette nouvelle étape des négociations n’a pas apporté de révélations. « La configuration générale du projet a été approuvée dès janvier, il ne s’agissait dans ce cas que de trouver un accord sur le tronçon concret pour la construction de la partie terrestre du gazoduc », explique-t-il. Balakirev considère que la configuration générale correspond à ce qui avait été annoncé précédemment. En outre, l’analyste souligne que le coût global du projet est surtout influencé par la configuration du tronçon maritime du gazoduc, et que si celui-ci longeait le gazoduc Blue Stream, comme le préconisait initialement Gazprom, le projet aurait été moins onéreux.
http://fr.rbth.com/economie/2015/02/13/turkish_stream_entre_dans_le_concret_32795.html
Entretemps :
Les héros kurdes de Kobané [ont été] reçus par François Hollande
http://www.france24.com/fr/20150210-france-kurdes-syrie-francois-hollande-paris-etat-islamique-pyd-ypg-pkk-turquie-terroriste/
Beau résultat de la visite de B. Kouchner dans le Nord de la Syrie, maintenant que Mc Cain et BHL sont occupés en Ukraine. Or, tout le monde sait que la Turquie, alliée de la France, ne veut pas en entendre parler et que les Kurdes sont ses ennemis jurés. Est-ce pour cela que les blindés turcs se sont massés depuis deux jours à la frontière syrienne ? L’on se doute que ce n’est pas pour combattre DAECH, malgré la 3ème résolution contraignante [chapitre VII] proposée par la Russie et adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité pour tarir les sources du terrorisme [Résolutions 2170, 2178, 2199] dont la Turquie est de notoriété publique le premier pourvoyeur… Certains avancent que ce serait pour desserrer l’étau sur Israël devant l’avancée des forces syriennes et de la Résistance libanaise vers le Golan… Comme par le passé, les Kurdes seront-ils, une fois de plus, les victimes de ce jeu de dupes entre les impérialismes français et ottomans ? Par ailleurs, l’on nous a toujours expliqué que les oléoducs et gazoducs exigeaient la stabilité des régions qu’ils traversent. Comment la Russie pense-t-elle résoudre ce problème ? Finalement… tout se tient, mais tout risque aussi de nous exploser à la figure.