La Serbie exige des réparations comme première victime de la Troisième Guerre Mondiale

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Aujourd’hui, on entend souvent dire que le monde est au bord de la troisième guerre mondiale. Certains pensent qu’elle a déjà débuté et qu’elle a commencé le 11 Septembre 2001, quand un acte de provocation exécuté à New York a donné aux États-Unis l’opportunité d’envahir l’Afghanistan sous le prétexte de « combattre le terrorisme international ». Certains évoquent un point de départ plus tôt pour la troisième guerre mondiale – l’agression de l’OTAN contre la Yougoslavie en Mars de 1999.

Et ce qui est arrivé en Yougoslavie à la fin du 20ème siècle est maintenant en train de se répéter en Ukraine. L’Escalade d’une troisième guerre mondiale non déclarée continue.

Le moment est venu de commencer les préparatifs pour une «nouvelle Potsdam », en gardant à l’ esprit que l’un des principaux sujets de discussion lors de la Conférence de Potsdam en 1945 était les réparations pour la destruction et les dommages infligés à l’Union Soviétique et d’autres pays soumis à l’agression nazie .

Note: La Conférence de Potsdam a été la première et dernière réunion des trois dirigeants de la coalition anti- Hitler, Staline ( URSS ) , Churchill ( Grande-Bretagne ) et Truman ( Etats- Unis ) pour examiner le destin du monde d’après-guerre . Elle a eu lieu à Potsdam entre le 17 Juillet et le 2 Août 1945.

Lors de la conférence de Potsdam, la délégation soviétique a fourni des chiffres pour les pertes subies par l’Union Soviétique à la suite de la guerre. Selon les chiffres officiels, les dommages économiques directs infligés à l’Union Soviétique s’élevaient à 128 milliards de dollars, avec une perte globale à 357 milliards de dollars, sur la base de la valeur du dollar en 1939. A titre de comparaison : l’aide reçue par l’Union Soviétique à travers le programme prêts-bails s’élevait à environ 11 milliards de dollars pour toute la guerre.

Les préparatifs d’un nouveau décompte devraient être effectués à travers la compilation d’un «livre blanc» international. Il deviendrait une base juridique internationale pour les réparations qui seraient imposées aux les Etats-Unis et ses alliés de l’OTAN.

Des travaux sont déjà en cours pour calculer les pertes de la troisième guerre mondiale. Par exemple, le gouvernement de la Syrie a annoncé que, à la fin de l’année 2013, le montant des dommages économiques à la suite des opérations militaires par des groupes armés d’opposition (soutenus par Washington) a atteint 144 milliards de dollars, presque le triple du PIB syrien . Il est plus que probable que d’ici la fin de l’année 2014, ce chiffre sera encore plus élevé.

Après les bombardements de la Yougoslavie par l’OTAN en 1999, un «livre blanc» en trois volumes a été préparé, mais aujourd’hui, la tâche de compiler un «livre blanc» international sur la base d’une méthodologie commune avec l’utilisation transversale d’informations et d’experts de tous les pays concernés est de plus en plus urgente. Habituellement, les réparations s’entendent comme la réparation des dommages infligés à un pays à la suite d’opérations militaires. Cependant, par les temps qui courent, les dégâts infligés ne sont plus seulement le fait des opérations militaires. Les dommages causés par les sanctions économiques et les blocus, les opérations subversives, les guerres de l’information et autres formes d’agression devraient être gardés à l’esprit.

Le premier chapitre du «livre blanc» international devrait être : le décompte de la Serbie comme première victime de la troisième guerre mondiale

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Des immeubles détruits par les frappes de l'OTAN n'ont toujours pas été reconstruits
Des immeubles détruits par les frappes de l’OTAN n’ont toujours pas été reconstruits

Le gros du décompte de la Serbie est un préjudice du fait de l’agression militaire des États- Unis et de l’OTAN, qui a duré du 24 Mars au 10 Juin 1999. Récapitulons les chiffres de base.

35 000 missions aériennes ont été effectuées contre la Yougoslavie, impliquant 1000 avions et hélicoptères ; plus de 10 000 missiles de croisière ont été lancés, larguant plus de 79 000 tonnes d’explosifs (dont 156 conteneurs avec 37 440 bombes à fragmentation, qui sont interdites par le droit international). Les campagnes de bombardements barbares ont également été effectuées en utilisant des munitions contenant de l’uranium faiblement enrichi.

Dommages matériels directs. Au cours de la campagne de bombardements de l’OTAN dirigé par le général américain Wesley Clark , près de 2.000 civils yougoslaves ont été tuées et plus de 6.000 blessés , environ 50 usines, 18 centrales électriques , 34 ponts , 50 hôpitaux et polycliniques, 480 écoles, collèges et universités ont été détruits . Près de 600.000 personnes ont perdu leur emploi. Selon diverses estimations, le montant total des dommages matériels directs varie entre 30 milliards de dollars et 100 milliards de dollars.

Les dommages environnementaux. Les effets les plus tangibles ont été causés par les frappes de l’OTAN sur un complexe industriel de Pancevo : sur une usine d’azote, une raffinerie de pétrole et un complexe pétrochimique. Les produits chimiques et composés toxiques ont été libérés dans l’atmosphère, l’eau et le sol, ce qui mit en danger la santé des personnes et des écosystèmes à travers tous les Balkans. L’air était contaminé par des vapeurs nocives de la combustion des raffineries de pétrole, et le Danube et d’autres cours d’eau, qui ont été contaminés avec du pétrole provenant des cuves soufflées par les bombes, ont pollué un certain nombre de lacs ( dont le plus important est le lac de Skadar ) et la mer Adriatique . Le ministre de la Santé de la République de Serbie, Leposava Milocevic, a déclaré: «Même Adolf Hitler n’avait pas bombardé nos usines de produits chimiques ! Mais l’OTAN est tranquillement en train de le faire, détruisant les rivières, contaminant l’air, tuant des gens et le pays. Une expérience brutale est en train d’être menée contre notre peuple en utilisant les dernières armes ». À la suite de l’utilisation de bombes aériennes contenant de l’uranium appauvri, de vastes zones ont été contaminées par des radionucléides et la morbidité du cancer a sensiblement augmenté.

Les dommages indirects – les pertes associées à la suspension de la production, le chômage, et la perte de revenus. Les pertes de ce genre ont été amplifiées par le fait que, après la campagne de bombardements de 1999, le pays a été pillé et volé par les entreprises occidentales, qui ont acheté ses actifs restants pour quelques centimes. En conséquence, 2,5 millions de citoyens serbes ont été laissés sans moyens de subsistance. Le taux de chômage en Serbie a atteint le niveau de 40 pour cent de la population active. En 2014 seulement, il y avait une baisse de 3,5 cent dans la production. Ceux qui ont gouverné la Serbie après l’agression de 1999 n’ont eu aucun type de programme de développement pour le pays. Tout a été dirigé vers la réception de l’«aide» de l’Occident. Mais cela n’a jamais été matérialisé. Les Serbes ont été tout simplement trompés.

Les pertes subies par les pays voisins de la Serbie, qui ont traditionnellement des liens économiques étroits avec la Serbie, pourraient également être considérés comme des pertes indirectes. Selon Economic Intelligence Unit- un groupe d’analyse faisant autorité, basé à Londres et qui étudie l’économie- les pertes totales subies par les pays voisins de la Yougoslavie à la suite de la guerre en 1999 sont estimées à 8 milliards de dollars. Cela comprend les pertes financières directes, la réduction des investissements étrangers , et une baisse du PIB en raison de l’embargo économique

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À ce jour, l’Occident ne veut même pas entendre parler de compensation partielle pour les pertes de la Serbie comme une conséquence d’agression militaire. De temps en temps, des montants arbitraires de l’aide économique de l’Occident pour la Serbie sont mentionnés, prétendument pour restaurer son économie ruinée, mais tout ça est pur mensonge.

L’argent que les Etats-Unis et l’UE ont envoyé à la Serbie sous la forme d’«aide» était en fait l’apport financier des multinationales occidentales. La population serbe n’a jamais reçu la moindre compensation.

Les habitants de Belgrade ont accueilli le président russe lors des célébrations marquant le 70ème anniversaire de la libération de Belgrade des nazis, le 16 Octobre 2014. On lisait sur l'affiche la légende : « Vladimir, sauvez la Serbie ».
Les habitants de Belgrade ont accueilli le président russe lors des célébrations marquant le 70ème anniversaire de la libération de Belgrade des nazis, le 16 Octobre 2014. On lisait sur l’affiche la légende : « Vladimir, sauvez la Serbie ».

L’année 2014 a vu le début de changements importants dans la politique mondiale. Dans le cadre de ces changements, Belgrade n’a pas apporté son soutien à la résolution anti- russe du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Crimée, et il n’a pas cédé à la pression de Washington exigeant qu’elle se joigne aux sanctions contre la Russie. L’invitation du président russe Vladimir Poutine aux célébrations tenues le 16 Octobre 2014 pour marquer le 70ème anniversaire de la libération de Belgrade par les nazis était d’une grande importance.

Note: Le résultat de la visite de Vladimir Poutine à Belgrade a été la signature d’un accord sur la coopération militaro-technique ; un accord sur la protection réciproque des informations classifiées ; un accord sur l’existence, les privilèges et les immunités du centre humanitaire russo- serbe à Nis ; un protocole d’échange de données sur la valeur des marchandises transportées à travers la frontière ; un protocole d’ accord sur l’énergie ; un accord sur la reconstruction de trois sections de chemin de fer du dixième corridor paneuropéen ; et un accord sur la fourniture de 27 trains diesel de banlieue.

Il semble que la Serbie est maintenant prête à commencer à sortir une facture pour l’Occident pour les dommages subis au cours des deux dernières décennies. Sans grand espoir, mais Belgrade a commencé à le faire. En mai 2014, le président serbe Tomislav Nikolic a déclaré au Conseil de sécurité des Nations Unies qu’il est en train de calculer l’indemnité pour les dommages causés par la campagne de bombardements de 78 jours de l’OTAN en 1999. « Je ne me plains pas, et je ne demande pas le paiement des réparations de guerre dans le sens classique du terme, mais aussi longtemps que je suis président de la Serbie, je vais vous rappeler votre obligation de nous indemniser pour l’énorme et irréparable préjudice causé à nos installations civiles et à l’économie dans son ensemble , » dit Nikolic à la session du Conseil de sécurité des Nations Unies . Les dommages se chiffrent à des douzaines de milliards de dollars.

A certains moments, les demandes d’indemnisation peuvent être un instrument important de la politique étrangère.

Lors de la Conférence de Gênes en 1922, l’Occident a essayé de mettre à genoux la Russie en exigeant qu’elle paie les dettes des gouvernements tsaristes de l’ordre de 18,5 milliards de roubles d’or. Cependant, Moscou a émis à l’endroit de ses alliés de l’Entente cordiale une demande reconventionnelle pour les dommages causés par l’intervention et le blocus économique d’un montant de 39 milliards de roubles d’or. Cela modéra la cupidité des «partenaires» de la Russie. Les demandes d’indemnisation ont également joué un rôle important dans le fait qu’une phase de la reconnaissance diplomatique de l’Union soviétique a commencé deux ans après la Conférence de Gênes. Il est utile d’apprendre d’une telle expérience. Les arguments impliquant de l’argent ont toujours un effet beaucoup plus important sur l’Occident que les appels pour l’égalité, la justice ou les droits de l’Homme.

Traduit par Paul Kem (kpf) pour Réseau International

http://m.strategic-culture.org/news/2014/10/29/serbia-to-claim-reparations-as-the-first-victim-of-wwiii.html

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GUNSBOURG
GUNSBOURG
31 octobre 2014 12 h 58 min
C’est de l’Info vraiment intéressante ! Merci !
Eric
Eric
31 octobre 2014 20 h 29 min
Le président serbe Tomislav Nikolic aurait dû ajouter que le bombardement de la Serbie a été décidé par l’oligarchie américaine et non par le peuple américain.
Filo...
Filo...
31 octobre 2014 23 h 23 min
J’ai l’impression que la destruction de la Yougoslavie sera fatale aux destructeurs occidentaux et que l’hymne national yougoslave pourrait bien être la musique funèbre occidentale.
Dans le cas yougoslave, l’Occident a fait preuve d’un illettrisme politique sidérant et d’une misère culturelle époustouflante.

https://reseauinternational.org/1989-lannee-loccident-rate/

Louve Bleue
Louve Bleue
1 novembre 2014 10 h 16 min
Un . Deux. Trois. Comme chantaient des jeunes en rigolant et terminant : Ouais ! Maintenant je sais compter jusqu’à Trois !
Tout en comprenant fort bien les griefs légitimes des serbes, je ne saisis pas du tout, mais alors pas du tout ! Où et quand aurait commencé la 3 ème guerre mondiale. Si tant est que la seconde serait vraiment terminée ? Quid de la Corée ? Quid du Vietnam ? Quid du Chili ? Quid de Cuba ? Mais la liste étant trop longue , je m’arrêterais là. La lecture de l’Histoire étant pour une citoyenne lambda comme moi bien incomplète. Mais je ne crois pas non plus que les citoyens VIP aient une meilleure lecture de l’Histoire. J’ai toujours en tête la philosophie amère – indienne qui parle de la vision de l’aigle, de la souris et de deux autres animaux que j’ai oublié. Chaque vision est un point de vue. Aucun n’est faux, ni complet. Reste que le point de vue de celui qui se reçoit les bombes sur la tête est épouvantable, s’il a le temps de voir quelque chose…Pour lui le chiffre 3 n’a aucune importance ni signification ; ça c’est la réalité présente.
Louve Bleue
Louve Bleue
1 novembre 2014 10 h 20 min
Les comptes sont impossibles et ingérables. Il faut au temps présent devenir tous unis, raisonnables, cesser de vouloir dominer l’autre, humain , animal ou végétal…Est-ce possible ? Devenir tous gagnants. Mais gagnants de quoi ? Je ne sais pas.
polo
polo
2 novembre 2014 12 h 37 min
tout ça ajouter à la destruction de l’Irak ,de la Libye la facture va être énorme