Obama n’en finit pas de tempêter. Crimée-ci, Crimée-là, la Crimée est partout. Il faut dire que c’est la plus méchante arête que les Etats-Unis aient eu à avaler dans leur Histoire. Et ça ne passe pas. Du coup ils en perdent toute prudence et toute retenue. Le vernis de respectabilité, du moins ce qui en restait, a fini par voler en éclat. Eux qui étaient habitués à tout faire dans l’ombre, en maîtres incontestés des opérations clandestines, font tout désormais au grand jour.
La situation imposée par la Crimée est d’autant plus inacceptable que l’impuissance des Etats-Unis est totale. Ils n’arrivent même pas à diaboliser complètement la Russie, malgré les moyens mis en œuvre. Quand ils dénoncent « l’annexion » de la Crimée, on leur balance le Kossovo. Quand ils parlent de l’invasion possible de l’Est de l’Ukraine, on ressort l’Afghanistan ou l’Irak. Et quand ils se réfèrent au droit international, la Libye sort immédiatement des cartons. Rien a faire, ils sont serrés de partout.
Que reste-t-il ? Les discours. Si les européens y sont de moins en moins sensibles, il reste heureusement les citoyens américains qui, eux au moins, les écouteront et les comprendront. Ils savent que la guerre d’Irak est légitime et légale, et qu’elle a amené la démocratie dans ce pays. Que les libyens ont enfin retrouvé la joie de vivre après l’élimination de leur dictateur. Que la longue traque de Ben Laden, digne de la grande épopée du Far West, s’est enfin terminée au Pakistan comme elle devait se terminer, par la mort du méchant sous les justes balles des valeureux Navy Seals.
Il n’y a pas plus de proportions d’imbéciles aux Etats-Unis qu’ailleurs, mais, avec plus de 300 millions d’habitants, ça fait beaucoup d’imbéciles. Le problème, c’est que ce sont ceux-là qui votent (plus que les autres) et c’est sur eux que s’appuient les hommes politiques pour tirer leur légitimité. Ces américains-là, ils verraient très bien leur pays aller donner la fessée à la Russie pour avoir gravement menacé leur sécurité en favorisant la séparation de la Crimée de l’Ukraine, même s’ils ne savent pas où se situe ce pays.
Un récent sondage à ce sujet est édifiant. Basé sur un échantillon de 2066 personnes, ce sondage montre que seul un Américain sur six est capable de situer correctement l’Ukraine sur une carte du monde. Pour la plupart d’entre eux, l’Ukraine se trouve « quelque part en Europe ou en Asie », en moyenne, dans un rayon de 3000 km autour de sa position réelle. Une grosse majorité situe l’Ukraine « quelque part entre le Portugal à l’ouest, le Soudan au sud, le Kazakhstan à l’est et la Finlande au nord ». Même parmi les jeunes diplômés, on ne trouve que 21% qui savent à peu près où se situe le pays, et 77% à ne pas savoir du tout le positionner sur la carte. Le résultat le plus déconcertant est que plus leur localisation de l’Ukraine est éloignée de sa position réelle, plus ils sont favorables à une intervention militaire des États-Unis dans la région, et plus la Russie représente pour eux une menace, et donc que l’usage de la force est une nécessité de sécurité nationale.

Crédits : Survey Sampling International; / Thomas Zeitzoff/The Monkey Cage
Comment s’étonner, avec de tels concitoyens, que Barak Obama tienne les discours qu’on lui connait ? N’importe quoi peut passer, il suffit juste d’avoir le courage de le dire, sachant que le reste du monde écoute.
Avic
qui les fait paraitre ridicules seules les marionnettes européennes que sont nos dirigeants applaudissent
Rien d’étonnant. La meilleure alliée des gouvernants va-t-en-guerre ou provocateurs est l’ignorance des citoyens. Un autre exemple entre mille : le gouvernement du Parti Québécois vient de mordre la poussière lors des récentes élections. L’un des principaux enjeux de la campagne a été l’adoption d’une charte qui, à toutes fins pratiques, visait à interdire le foulard dans la fonction publique québécoise. De nombreux sondages avaient indiqué que moins il y avait de musulmans dans une région, et plus on y était favorable à cette mesure.