Les Forages de Schiste pour contrer Poutine?
Sous la forte impulsion et pression des majors pétrolières et gazières, certains politiciens américains ont trouvé un motif populiste pour modifier la loi qui interdit l’exportation de pétrole ou de gaz made in USA.
L’excuse toute trouvée se cache dans la nouvelle « Guerre Froide » et le combat contre l’ennemi Russe qui est en train de surclasser les Etats-Unis en Crimée et en Ukraine.
Le concept est simple: exporter en Europe du gaz de schiste américain pour casser la main mise de Moscou sur les livraisons au Vieux-Continent.
En réalité, importateur net de gaz et de pétrole, les USA n’ont aucune arme énergétique contre la Russie.
Vladimir Poutine a dû s’étrangler de rire à l’annonce de cette idée tant il est évident que les forages de schiste made in USA n’ont qu’un avenir limité dans le temps.
Cependant cette proposition montre le décalage financier entre la Russie et les USA.
Les Russes vendent 3 fois plus cher leur précieux or bleu alors que les USA doivent lourdement subventionner cette technique largement déficitaire.
Le Concept: Affaiblir Moscou et renforcer l’Europe
Depuis 2011, les Etats-Unis connaissent une légère augmentation de production énergétique grâce au pétrole et au gaz de schiste.
- La durée de vie d’un puit d’extraction de gaz de schistes est de 5 ans maximum, gaz ou pétrole
- Dans la revue Nature, un ancien conseiller scientifique du gouvernement britannique, David King, souligne que le rendement d’un puits de gaz de schiste décroche de 60 à 90 % au terme de sa première année d’exploitation » (le Monde diplomatique mars 2013.)
- Les US seront en déficit énergétique dans peu de temps.
Malgré tout, les USA restent l’un des plus grands importateur de pétrole et de gaz.La semaine dernière, plusieurs élus ont exhorté le Congrès et la Maison-Blanche à faire sauter un verrou pour autoriser l’exportation de leur gaz vers l’Europe.
- Dans une tribune publiée vendredi dans le Wall Street Journal, le président républicain de la Chambre des représentants, le fantasque John Boehner, se dit partisan de cette nouvelle stratégie visant à réduire la dépendance énergétique européenne (30%) de Moscou et à affaiblir ainsi le levier du Kremlin: «LAmérique a non seulement le droit de développer et de commercialiser ses ressources naturelles. Au vu des dangers croissants, elle en a l’obligation.»
C’est beau, c’est patriotique, mais John Boehner a oublié de préciser que cette opération permettrait de rentabiliser les investissements des forages schistes.
Avec un prix de vente de 4$ le m3, les forages de schiste sont pratiquement tous déficitaires.
Par contre en Europe, où le prix dépasse les 12$ et le Japon (15-18$), les gazodollars pourraient suffire à engranger quelques bénéfices et en reverser une partie aux républicains pour leur prochaine élection présidentielle.
Changer les lois
Les USA font l’objet dun quasi-embargo sur ses exportations d’hydrocarbures en raison d’une loi en vigueur depuis la crise pétrolière des années 1970.
Le président Obama peut exporter ses carburants fossiles au Mexique, au Canada et dans quelques pays ayant conclu un accord de libre-échange avec Washington.
L’Europe n’en fait pas partie.
- Or, si la Russie demeure le plus grand exportateur de gaz naturel avec son champion national Gazprom, l’Amérique a récemment augmenté sa production gazière grâce aux techniques de fracturation de schiste. Cependant, elle reste toujours importatrice de cette précieuse énergie. Quel serait le sens d’exporter en l’Europe/Asie pour en devoir importer d’autres pays?
Côté revenus financiers, le budget russe repose en grande partie sur les rentrées des pétrodollars. A l’inverse, les USA grèvent leur budget de subventions (-17’900 milliards de $ de dettes) pour extraire leur énergie et l’offrir aux automobilistes ou aux industries
Une arme à double tranchant
L’autre écueil dimportance pour développer cette arme énergétique contre la Russie de Vladimir Poutine, ce sont les Etats-Unis eux-mêmes. Ils devront faire des choix drastiques.
Le boom provoqué par la fracturation hydraulique a fait baisser considérablement le prix du gaz au point de faire revenir sur sol américain des sociétés qui avaient délocalisé.
Des entreprises américaines grandes consommatrices d’énergie mettent en garde contre une hausse des prix du gaz. Les plus sceptiques ajoutent que même si le Washington ouvre les portes à l’exportation, les sociétés d’exportation sont libres de vendre leur gaz où elles veulentEn Asie par exemple, où le prix est quatre fois plus élevé qu’en Amérique. L’arme contre Poutine se retournerait contre les USA.
Les milieux environnementaux soulèvent enfin une autre controverse.
- Ils jugent que les exportations à marche forcée risquent de porter atteinte à la lutte contre le changement climatique. Le prix du gaz va augmenter et rendre lusage du charbon, beaucoup plus polluant, à nouveau compétitif pour les centrales électriques. Un juge a également reconnu la responsabilité de la fracturation hydraulique dans les séismes qui ont affectés l’Ohio.
- Sans compté la pollution que sa génère le gaz de schiste mais attention les USA ont plus d ‘un tour dans leurs sac et en plus ils n’ont aucun scrupule.
La pression US a permis l’ouverture de la concurrence sur les exportations de gaz notamment vers l’Europe
(et donc casser le monopole de Gazprom et cela ratifié par la Douma fin 2013), Total exportera du Gaz américain depuis Yamal, Exxon développe un projet associé à Rosneft.
Pour info,
les Utilités européennes essaient depuis de nombreuses années de renégocier les contrats russes indexés sur le prix du pétrole. Les russes restant inflexibles (comme les chinois qui manipulent leur monnaie et qui créent un concurrence indue aux travailleurs européens soit dit en passant, avec pour levier des US de dévaluer leur US dollar pour baisser d’autant la valeur faciale des réserves de changes chinoises, mais c’est un autre sujet), la pression s’est fait sentir, les Russes ont du lâcher du leste. Une fois les contrats renégociés sur les indices gaz (type NBP au UK) auraient pour effet de réduire la facture de gaz des européens (puisque les formules de la CRE en France seraient aussi mise à jour de fait).
La Russie à un besoin vital d’exporter ce gaz, sinon les oligarques ne seront pas contents !
- N’oublions pas l’Algérie qui une réserve de gaz inépuisable et c’est par là qu’il faudra se tourner cette année et ca ira très vite les méthaniers sont prêt !
On a du mal à comprendre pourquoi les USA importent du gaz (d’où et à quel prix?) et qu’en même temps leur production de gaz de schiste est déficitaire …!
Parce que c’était stratégique et qu’aujourd’hui la production se fait à perte.
Ne cherchons pas trop loin
L’Ukraine peut produire des gaz de schiste en Crimée mais pas si Poutine reprend le contrôle.
Les USA, empire des faux monnayeurs, sont acculé à des solutions défensives pour tenter de garder leur hégémonie sur la planète…ce sont les dernières armes défensives, mais inexorablement, la maîtrise du monde bascule vers d’autres nations.
La question est : les U.S. accepteront-ils la fin de l’empire sans sursaut brutal ???
Les ingénieries oïl & gaz comme TECHNIP, ou sa filiale de SAIPEM seront les grandes gagnantes avant les constructeurs potentiellement italiens : des nouveaux réseaux de transports, postes de sectionnements, station de compression auront besoin d’études FEED pour alimenter l’UKRAINE.
La carte des réseaux gaz devrait sensiblement évoluer
Le tout aidé par de belles subventions européennes pour les transporteurs. (Merci la CRE(Commission de régulation de l’énergie) et l’ERGEG (Groupe des régulateurs européens pour l’électricité et le gaz)
Article collaboratif -merci à:
Stéphane Bussard le Temp et AFP M7025553 lefeuvr3 Emir2C D401650 s.bourd4 vanago guerber3 loto77 D401650 taz40 fifisay
6 réponses à “Poutine s’est étranglé de rire…!”
L’énergie dont ont besoin les Européens pourrait, très temporairement et très insuffisamment, provenir du gaz de schiste US… en échange de la signature du fameux accord Transatlantique qui signifierait la vassalisation totale et irrémédiable de l’UE. Les responsables américains savent très bien que l’exploitation du gaz de schiste est une absurdité et une bulle spéculative, mais ils n’ont pas d’autres solutions que de recourir à ce genre d’expédients pour maintenir encore l’illusion de leur hégémonie et faire main basse sur tout ce qu’ils peuvent.
Les autres pistes à explorer sont :
L’Algérie dont les USA et l’OTAN préparent activement la déstabilisation depuis des années… Les Russes ont d’ailleurs averti les Algériens qui se doutent depuis un bon moment que leur tour viendra bientôt… Il est là encore évident que seuls les Américains ont la capacité militaire pour mener cette guerre coloniale qui sera présentée comme le soutien des démocraties à un nouveau « printemps arabe ». L’aventure coloniale des sieurs Sarkozy et Cameron n’ayant pu se faire qu’avec le soutien logistique US. Le problème est que si nos apprentis sorciers savent semer le chaos, ils sont nettement moins doués pour rétablir l’ordre : il suffit de voir les fiascos irakien et libyen entre autres ! Mais pour des Européens acculés à l’effondrement économique, l’aventure algérienne est tentante.
Et le Qatar… que l’Arabie saoudite et ses vassaux semblent bien décidés à déstabiliser ! Une version arabe de l’arroseur arrosé. En prenant le contrôle du gaz qatari avec l’appui d’Israël (qui a désespérément besoin d’un allié à forte capacité financière) , les Seoud espèrent ainsi pouvoir continuer à peser… et à durer.
Si la Turquie a, un temps, offert les services de ses gazoducs, ils ne pourraient en aucun cas acheminer ledit gaz israélien vers l’UE. Pas assez gros. En plus, Ankara a des visées sur le gaz chypriote…
Nabucco a coulé depuis un an maintenant, ne reste que South Stream, en construction. Je ne pense pas que l’Occident fasse appel à ce gazoduc russe pour convoyer le précieux gaz à destination de l’Europe.
Reste les navires gaziers, mais là aussi, j’en connais pas beaucoup qui seraient prés à s’amarrer à une jetée dans un coin aussi instable…
Sauf que le système économique en flux tendus, sous tension et sous perfusion de l’UE ne pourra probablement pas attendre tout ce temps sans gros dégâts. Des problèmes loin d’être insurmontables dans l’absolu, mais redoutables dans une zone fragilisée par une crise économique, financière et monétaire, et censée faire face en même temps à une crise diplomatique, politique et militaire.
On ne s’embarque pas dans une confrontation de ce niveau avec les Russes sans une solide préparation. Même sans aller jusqu’à la guerre ouverte, les indispensables gesticulations militaires, le blocus, l’embargo et le soutien indéfectible à l’Ukraine réclament des moyens conséquents… que les zozos de l’UE n’ont pas. Si l’on ne sait pas encore qui des Américains ou des Russes gagnera la partie, on sait déjà que les Européens l’ont définitivement perdus !
“Si l’on ne sait pas encore qui des Américains ou des Russes gagnera la partie, on sait déjà que les Européens l’ont définitivement perdus !”
Et le peuple ukrainien aussi.
Ukraine, Syrie, Vénezuela : Cherchez le gaz
https://reseauinternational.org/ukraine-syrie-venezuela-cherchez-le-gaz/