Le quotidien sud-coréen « Joong Ang Ilbo » affirme, en citant une source militaire, que Pyongyang négocie avec la Russie l’achat d’au moins 36 avions de combat Su-35, les avions multi-rôle les plus performants à ce jour. La requête aurait été faite pendant la visite de sept jours (17-24 Novembre 2014) que le général Choe Ryong Hae, numéro deux dans la hiérarchie d’Etat de la Corée du Nord, a faite en Russie.
Choe Ryong Hae a visité plusieurs objectifs du complexe militaire industriel situés dans les environs de Khabarovsk et de Vladivostok, en tant qu’envoyé spécial du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, et a eu des rencontres avec le président russe Vladimir Poutine et avec le ministre de affaires étrangères, Serguei Lavrov à Moscou. Choe Ryong Hae a profité de l’occasion pour passer au leader du Kremlin un message personnel du président Kim Jong Un.
La Corée du Nord dispose de 15 avions de chasse MiG-29B -12 et 20 MiG-29SE (variante modernisée pour l’exportation, ayant une autonomie de vol presque doublée, protection active ECM et des missiles air-air à long rayon d’action), reçus en 1999. A côté de ces appareils, l’armée coréenne possède aussi des appareils plus anciens : 56 MiG-23ML, 32 Su-25K, 150 MiG-21 Bis/RFMM, 40 Chengdu J-7 ( MiG-21 chinois), tous fabriqués entre 1970 – 1980.
Les avions les plus anciens de la dotation de l’armée coréenne sont les 80 Q-6 (MiG-19 redessiné par les Chinois) et les 40 bombardiers bimoteurs Il-28/H-5 provenant des années 1965-1970. A cause de l’embargo imposé à la Corée du Nord, les pièces de rechange manquent de sorte que, dû à l’usure prononcée des appareils de vol, un pilote nord-coréen vole environ 20-30 heures/an, par rapport à 180 heures effectuées par les pilotes sud-coréens, japonais ou américains.
La Corée du Nord n’est pas capable de produire seule les avions de chasse de dernière génération. A cause des sanctions internationales imposées à la Corée du Nord, la Russie n’a pas pu, elle non plus, répondre positivement aux sollicitations de Pyongyang concernant le remplacement de la flotte des avions de chasse. Mais cela a duré jusqu’à la visite de Choe Ryong Hae, qui s’est superposée au durcissement des sanctions économiques imposées à la Russie par les Etats-Unis, le Japon, l’Australie, le Canada et l’Union Européenne. Quel serait le but de la Russie avec la livraison à la Corée du Nord d’une quantité allant jusqu’aux 100 avions de chasse modernisés, en commençant par des MIG-29 SMT ou Su-30, pas nécessairement des Su-35 ?
Même 100 nouveaux avions russes reçus par les nord-coréens, ne peuvent modifier le rapport de forces dans la région, parce que la Corée du Sud et le Japon disposent ensemble de 591 avions de 4e génération: 213 F-15, 230 F-16 (F-2) ainsi que le 148 F-4. On y ajoute le contingent américain déployé dans les deux Etats, composé de 268 avions (42 F-15, 122 F-16, 32 F-22 et 72 F-18 embarqués sur le porte-avions George Washington et à la base japonaise Atsougi, du corps de Marines des Etats-Unis).
Dans la mesure où les Etats-Unis ont imposé et obligé leurs partenaires occidentaux à appliquer de manière abusive des sanctions économiques à la Russie, il n’existe plus aucune raison pour que Moscou reste alignée à l’embargo maintenu par l’Occident à l’égard de la Corée du Nord. En particulier dans le contexte où les manœuvres effectuées par les émirats salafistes du Golfe, satellites dociles des Etats-Unis, ont sérieusement affecté la balance commerciale de la Russie par la baisse de moitié du prix du pétrole. En échange, la vente des avions pourrait être conditionnée par la facilitation des investissements massifs russes dans la remise à neuf de l’industrie coréenne. La dépendance grandissante de la Corée du Nord à l’importation de technologie russe ainsi que le contrôle de ses activités nucléaires rendrait plus docile et prévisible le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un.
La Russie a aussi des relations économiques et politiques excellentes avec la Corée du Sud. A partir de 1998, la Russie a fait des démarches insistantes auprès du gouvernement sud-coréen en vue de la création d’un Département pour l’unification de la Péninsule Coréenne. En 2008, ce Département devint Ministère, ayant la mission d’implémenter des politiques à long terme du type Deng Xiaoping (« un seul pays, deux systèmes ») pour la réunification graduelle de la nation coréenne, agissant en permanence pour harmoniser l’éducation et la culture des deux pays. Pour ce faire, les compagnies russes Transneft et Rosneft ont réalisé un oléoduc d’une longueur de 4.857 km, unissant l’Est de la Sibérie sur la côte de l’Océan Pacifique jusqu’à Kozmino (port russe à la mer du Japon, situé à 100 km. distance de Vladivostok).
Le terminal pétrolier du port de Kozmino est également alimenté par les pétroliers russes arrivant du port de Varandeï depuis la Mer de la Sibérie Orientale pour approvisionner en pétrole le Japon et les deux Corées.
Les dépenses estimées par les experts russes et coréens pour la première année de la Corée réunifiée s’élèveraient à 167,5 milliards d’euro. Bien que le Nord soit 20 fois moins riche que le Sud (en terme de revenu rapporté au nombre d’habitants), la valeur des gisements du sous-sol de la Corée du Nord représenterait approximativement 16.700 milliards d’euro, 100 fois plus que le coût préconisé de la première année de la réunification.
La Corée réunie devancerait dans 2-3 années l’économie du Japon et de l’Allemagne, en devenant la rivale des Etats-Unis et de la Chine.
Traduction Alexandru Mîţă – Réseau International
Cet article a été initialement publié en Roumain à : http://acs-rss.ro/index.php/arhiva-glasul/item/131-de-ce-ar-fi-dispusa-rusia-sa-vinda-avioane-su-35-coreei-de-nord
