La politique russe de l’Allemagne dans l’impasse par sa faute
Mike Shedlock
Cet article a été publié initialement dans Mish’s Global Economic Trend Analysis
La guerre froide a pris un nouveau tournant la semaine dernière, lorsqu’un politicien allemand de premier plan a appuyé l’intégration de la Crimée à la Russie :
« L’ancien ministre-président Matthias Platzeck, président du Forum germano-russe – le lobby du monde des affaires – et ancien patron du Parti social-démocrate (SPD), est le premier Allemand de haut rang à déclarer que l’Occident devrait approuver l’annexion afin de résoudre la crise ukrainienne.
Platzeck, 60 ans, a déclaré au journal Passauer Neue Presse : « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis…
L’annexion de la Crimée doit être entérinée rétroactivement par le droit international afin qu’elle soit acceptable pour tout le monde. »
Platzeck, populaire ministre-président du Brandebourg de 2002 à 2013, a touché une corde sensible en Allemagne de l’Est, où le soutien aux sanctions contre la Russie est beaucoup moins ferme qu’à l’Ouest. « Nous devons trouver une solution qui permettra à M. Poutine de quitter la partie sans perdre la face », a déclaré M. Platzeck, dont la carrière a été soutenue par un ami de M. Poutine, l’ex-chancelier Gerhard Schröder.
« Il a déclaré que les régions tenues par les séparatistes ne feront jamais partie de l’Ukraine. »
Querelles intestines
La déclaration de M. Platzeck a choqué beaucoup de monde, dont le ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, qui a déclaré que l’Allemagne n’accepterait jamais l’annexion de la Crimée.
« Nous n’acceptons pas ce qui s’est passé, et nous n’accepterons pas que les frontières de l’Europe changent 70 ans après la guerre », a déclaré M. Steinmeier.
Fissures
Le Spiegel fait état de l’apparition de fissures à Berlin au sujet de la position à adopter vis-à-vis de la Russie.
« Le gouvernement allemand et l’UE ayant épuisé leurs options diplomatiques, une solution politique est plus que jamais hors de portée dans le conflit avec la Russie. Le fossé semble se creuser entre la chancelière Angela Merkel et son ministre des affaires étrangères quant à la fermeté de la position de Berlin vis-à-vis de Moscou. »
Impasse pour Angela Merkel
Aujourd’hui, Reuters titre Merkel dans l’impasse diplomatique avec Poutine.
« Depuis février, quand le président pro-russe de l’Ukraine Victor Ianoukovitch s’est enfui de Kiev au milieu de violentes protestations sur la place Maidan, l’Allemagne a pris la tête des efforts occidentaux en vue de convaincre Poutine d’engager le dialogue.
Angela Merkel lui a téléphoné des dizaines de fois. Son ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, membre du Parti social-démocrate (SPD), parti traditionnellement ami de la Russie, a consacré des centaines d’heures à essayer de négocier une issue au conflit.
Aujourd’hui, les dirigeants allemands se déclarent à court d’idées quant à la manière de faire fléchir le dirigeant russe. Les lignes de communication avec Poutine restent ouvertes, mais Berlin se prépare à une longue période dans une impasse qui s’apparente à une seconde Guerre Froide.
Impasse : l’explication
Peut-être en est-on là précisément à cause de déclarations telles que celle du ministre des affaires étrangères Steinmeier, lorsqu’il dit que « l’Allemagne n’acceptera jamais l’annexion de la Crimée ».
À quoi bon discuter si telle est la position de l’Allemagne ?
Guerre d’usure de Poutine autour des sanctions
Matthias Platzeck, ancien leader du SPD, est sorti du rang ce mois-ci en pressant l’Allemagne de reconnaître l’annexion de la Crimée par la Russie.
« Cette semaine, le ministre russe de l’économie Alexei Oulioukaev est reçu par des hommes d’affaires amis de la Russie, à Stuttgart, cœur de l’Allemagne industrielle.
La Russie semble également tendre la main aux partis d’opposition d’extrême-droite en Europe. En France, le Front National a confirmé ce week-end avoir obtenu un prêt de 9 millions d’euros d’une banque moscovite.
Le premier train de sanctions de l’UE expire en mars et devra être reconduit. Selon les milieux officiels allemands, on estime que l’Italie, la Hongrie et la Slovaquie seront les plus difficiles à convaincre de rester à bord.
« D’ici le mois de mars, Poutine va tenter de dissuader les pays l’un après l’autre », selon l’un d’eux. Un autre a décrit la bataille pour maintenir la cohésion de l’UE contre la Russie comme une « tâche herculéenne ».
Lente érosion
Dans le contexte de ce fragile consensus de l’UE, renforcer les sanctions économiques ne semble pas envisageable pour le moment à Berlin.
Cela pourrait changer, selon des responsables allemands, si les séparatistes soutenus par la Russie ouvraient un couloir entre l’Ukraine orientale et la Crimée en s’emparant de la ville stratégique de Marioupol.
Pour Angela Merkel, l’épreuve de force semble évoluer d’une escalade rapide des tensions vers un conflit long, où l’Occident étranglera lentement l’économie fragile de la Russie en espérant que Poutine abandonnera la partie.
Merkel baissera les yeux la première
Du fait de l’érosion du soutien aux sanctions dans plusieurs pays et des querelles intestines en Allemagne, ainsi que de l’évolution de l’opinion publique en faveur de la Russie, il y a fort à parier qu’Angela Merkel sera la première à devoir changer de ton.
Après tout, c’est elle le caméléon politique, pas Poutine.
Mike Shedlock
Traduit par Gilles Chertier pour Réseau International
Source : http://russia-insider.com/en/2014/11/27/05-40-31pm/mish
Cet oligarque a le culot de dire “nous” alors que ce “nous” ne représente qu’une poignée d’oligarques ! Si l’Allemagne était une Démocratie au lieu d’être une République fédérale, elle aurait condamné le putsch organisé par des néo-nazis en Ukraine et serait toujours en bon termes avec la Russie.
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