L’Ukraine, vers une situation inédite

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Tous les candidats à l’élection présidentielle en Ukraine sont en lice pour la Grande Comédie commune à tous les pays vénérant le dieu Démocratie. Pendant plusieurs semaines, ce sera la grande fête, la Pâque et l’Aïd de la  « Souveraineté Populaire », durant lesquelles les joutes oratoires, les empoignades, les déclarations d’amour au peuple et mille autres promesses feront oublier aux ukrainiens quelle est la vraie nature des comédiens qu’ils ont en face d’eux, quelles étaient les réalités d’hier et lesquelles elles seront demain, après les élections. Comme partout ailleurs, durant cette période, ils oublieront tout ce qu’ils savent et éliront leur président, pour ensuite l’accuser de tromperie si les promesses n’étaient pas tenues. Tromperie qui n’en est pas une, puisque tout le monde savait que ce n’était qu’une comédie.

En attendant, tout le monde veut croire qu’à l’issue de ce scrutin, les institutions ukrainiennes se remettront en place et chacun, à l’Est comme à l’Ouest, espère pour des raisons différentes que le climat sera apaisé. On a beaucoup parlé des objectifs réels ou supposés des Etats-Unis. Quels que soient ces objectifs, les américains profiteront de ces élections, avant, pendant et après, pour positionner de toutes les manières possibles, légalement ou non, par la force ou par l’intimidation, tous les pions dont ils disposent.

Et les russes ? On ne les entend pas beaucoup, sauf pour réagir à certaines situations aigües, concernant, par exemple, le sort des russophones. Ils agissent pourtant et pourraient même avoir une certaine longueur d’avance sur les américains. Le moment venu, ils pourront, sans presque rien faire, chambouler l’avenir de l’Ukraine en tant que pays, les Etats-Unis ne pourront qu’y assister, impuissants.

On a assez dit que l’Ukraine est le berceau de la Russie. Leur Histoire est si intimement liée que l’Est et le Sud-Est de l’Ukraine sont majoritairement russophones. Deux éléments récents, passés presque inaperçus, vont un jour ou l’autre, refaire surface.

Le premier d’entre eux est cette déclaration de Ilya Drozdov, député à la Douma, qui a rédigé un amendement de la loi sur la Citoyenneté : « Si au moins un des ancêtres directs d’un Ukrainien était russe de naissance, un demandeur pourrait recevoir la citoyenneté russe en six mois ». Cette déclaration avait été faite fin février, juste après les évènements de la place Maïdan.

Le deuxième élément touche également à la nationalité, mais cette fois en Crimée. La Russie laisse aux criméens la possibilité de garder leur double nationalité. 40 000 passeports russes ont déjà été délivrés, et cela va en s’accélérant. Mais ces passeports ne suppriment nullement la citoyenneté ukrainienne.

Qu’impliquent ces deux décisions ? C’est tout simplement la disparition de toute frontière humaine entre l’Ukraine et la Russie. Des citoyens russes vivront chez eux en Ukraine de l’Est et du Sud-Est, et des citoyens ukrainiens vivront chez eux en terre russe en Crimée. C’est une situation inédite, qui ne fera qu’officialiser l’Histoire, et contre laquelle les magouilles géopolitiques auront toutes les chances de se casser les dents. Si telle est bien la stratégie du Kremlin, on comprend alors la sérénité des dirigeants russe devant l’agitation occidentale.

Avic

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