La Chine a commencé aujourd’hui à négocier en euro ou en yuan pour ses échanges commerciaux et ses investissements avec l’Europe, rapporte Bloomberg. Traditionnellement, les transactions réalisées avec l’Europe étaient payées en dollars, mais la seconde puissance mondiale souhaite généraliser l’usage du yuan. Selon la banque centrale de Chine, cette décision permettra en outre d’abaisser les coûts des transactions, tout en rendant les deux monnaies plus attractives.
L’euro est ainsi devenu la 6ème monnaie qui peut être directement échangée contre des yuans auprès des banques chinoises, après le dollar, les dollars australiens et néo-zélandais, la livre sterling et le yen.
Selon SWIFT, le yuan a été la 7ème monnaie la plus utilisée dans le monde pour les transactions au cours du mois d’août et il a été utilisé par plus d’un tiers des institutions financières du monde pour effectuer des virements.
Les échanges entre la Chine et l’Europe se sont développés de 12% depuis l’année dernière. Selon le département des douanes chinois, ils ont atteint 404 milliards de dollars entre le début de cette année et le mois d’août, alors que le commerce de la Chine avec les Etats-Unis ne s’est monté “qu’à” 354 milliards de dollars. La France et l’Allemagne sont les deux pays européens qui utilisent le plus volontiers le yuan pour leurs paiements avec l’Empire du Milieu, avec près d’un quart de leurs entreprises commerçant avec la Chine qui y ont recours.
Il rappelle que le déclin de la domination des Etats-Unis a débuté en 1998, bien avant la crise financière. Ce n’est d’ailleurs pas tant le déclin des Etats-Unis, que le retour de la Chine à la place qu’elle a occupée pendant des millénaires sur la scène mondiale avant la révolution industrielle, explique-t-il.
En 1950, la population de la Chine représentait 29% de la population mondiale, mais son PIB ne se montait qu’à 5% du PIB du monde. Les ratios s’inversaient quasiment pour les Etats-Unis : 8% de la population du monde, mais 28% de son PIB. Mais la Chine est devenue cette année la seconde puissance mondiale derrière l’Amérique, et elle devrait la dépasser en termes de pouvoir d’achat dans les prochaines années.
« Il est frappant de constater que nous sommes au milieu d’un évènement historique extrêmement rare : le déclin relatif d’une super-puissance », a écrit Jim Reid de la Deutsche Bank. Dans le graphique ci-dessous, il a comparé les contributions relatives des super-puissances du monde en termes de PIB par rapport au PIB mondial en fonction des différentes époques. On constate que la contribution de la Chine au PIB du monde était sur le point de dépasser celle des Etats-Unis à l’année 2000.
Cela ne veut pas dire que la position de l’Amérique dans le système mondial est sur le point de s’effondrer. Loin de là. (…) Néanmoins, les USA sont en train de perdre leur place d’unique superpuissance géopolitique dominante et l’histoire suggère que durant de tels renversements géopolitiques, les tensions augmentent de façon structurelle.
Si cette analyse est correcte, alors la hausse des tensions géopolitiques que nous avons constatée au cours des 5 dernières années, et notamment au cours de l’année dernière, pourrait s’avérer non pas temporaire, mais structurelle pour le système mondial actuel, et le monde pourrait continuer de vivre des tensions géopolitiques plus fréquentes, plus durables, et de plus grande portée qu’il n’en a vécues pour le moins au cours des deux dernières décennies. »
Les tensions augmentent parce que les pays sont des oligarchies et non des démocraties. Et c’est le parlementarisme, la sacro-sainte République, qui permet à l’oligarchie de conserver le pouvoir. Ces tensions ne sont donc pas fatales.