L’ennemi sucré

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Si vous êtes Américain et que vous n’avez pas le diabète ou le pré-diabète, tant mieux pour vous, mais vous êtes à présent dans une minorité.

Oui, vous avez bien lu. Les chiffres de l’OMS sont malheureusement sans grande ambiguïté: aux 14,3% d’adultes américains qui sont déjà diabétiques (de type 2), il faut ajouter les 38% d’entre eux qui sont en pré-diabète (en hyperglycémie permanente, c’est-à-dire dont le taux de sucre dans le sang oscille entre 1,10 et 1,26 grammes par litre). Autrement dit, il y a actuellement plus d’Américains diabétiques ou en passe de le devenir que d’Américains bien portants. L’ « épidémie » continue donc à s’étendre de façon dramatique.

Ici, les contempteurs habituels de l’american way of life bondiront bien évidemment sur l’occasion pour y trouver une source de réjouissance… Qui devrait être de courte durée, lorsqu’on sait que l’Europe suit le même trajet sanitaire que celui qu’emprunte le continent nord-américain en claudiquant; ainsi, la France compte actuellement près de 3 millions de diabétiques et devrait en compter plus de 5 d’ici à 2022. Surtout, l’évolution du nombre d’individus concernés sur les vingt dernières années ne laisse aucun doute puisqu’on constate une augmentation constante.

Quelques facteurs explicatifs simples

Cette évolution du nombre de diabétiques, et notamment de diabétiques du type 2 (l’insulino-résistance), très majoritaires chez ceux atteints par cette maladie, est à rapprocher de la prise de poids moyenne des populations. On le sait, l’obésité gagne du terrain depuis plusieurs décennies, et dans un nombre croissant de pays. De façon intéressante, l’explosion du nombre d’obèses et de diabètes a longtemps été liée à l’accès facile à une nourriture riche et abondante, et l’un et l’autre phénomènes sont souvent représentés comme les résultantes de la sortie des périodes difficiles pour les pays occidentaux d’abord puis de tous les autres. Malheureusement, relier l’augmentation de ces maladies à l’enrichissement des pays reste une approximation grossière: des pays riches ont su conserver une population où le nombre d’obèses ou de diabétiques reste modéré.

Et petit à petit, alors que les études médicales se font plus nombreuses, plus précises et plus documentées sur les habitudes alimentaires et les effets observés, un schéma d’ensemble se dégage: la prévalence de l’obésité et des diabètes dans la population suit jusqu’à présent de façon assez remarquable la consommation, en constante augmentation, des sucres de toutes formes qu’on trouve dans notre alimentation.

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Bien sûr, on pourra facilement pointer du doigt certaines habitudes nutritionnelles déplorables qui alourdissent la tendance: l’introduction de boissons sucrées, un peu partout, facilement accessibles et à des prix très démocratiques, a certainement joué un grand rôle. De la même façon, le succès toujours non démenti des chaînes de fast-food (dans lesquelles sont, justement, favorisés ces sodas) explique en partie cette hausse de la consommation de sucre. Au passage et toujours pour nos indécrottables contempteurs des habitudes alimentaires américaines, n’oublions pas que la France, en matière de chaînes de fast-food, reste le pays des franchises les plus rentables dans le domaine…

En somme, au vu de ces éléments, il pourrait sembler aisé de rappeler la responsabilité dans l’extension de ces maladies des consommateurs, un peu trop friands de sucre d’une part, et celle des restaurateurs spécialisés dans la nourriture industrielle d’autre part. Ce ne serait pas faux: les uns et les autres ont évidemment contribué au résultat observé. Mais s’arrêter là serait un peu trop court. Un acteur important – le plus important sans doute – est ici oublié de la photo de famille, et ce n’est pas seulement parce que tous les protagonistes ont enflé au-delà du cadre.

Un peu d’histoire

Pour bien comprendre ce qui s’est passé, il faut garder à l’esprit que les sodas et les fast-food existaient déjà dans les années 50, 60 et 70, et que l’explosion de diabètes et d’obésité n’a vraiment commencé à se faire sentir qu’après les années 80. On arguera facilement qu’un tel phénomène de société prend du temps à s’installer, mais au début des années 80, plus d’une génération complète avait pu goûter aux joies du BigMac frites et du Coca, sans que, pourtant, les prévalences observés n’atteignent les taux actuellement observés.

C’est là que les autorités (gouvernementales d’abord, sanitaires ensuite) interviennent, et plus précisément dans la seconde moitié des années 70: c’est à ce moment en effet qu’apparaissent, à la suite des recommandations officielles du ministère de la santé américain visant à lutter contre les problèmes cardio-vasculaires, les recommandations de lutte contre la présence de matières grasses dans la nourriture. Notons qu’à la suite de ces recommandations américaines, à peu près tous les autres pays occidentaux ont suivi, France y compris, avec plus ou moins de décalage et de bonheur dans la copie de ces consignes.

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Tout se passe comme si les autorités, découvrant un problème de santé (une augmentation alarmante des problèmes cardio-vasculaires), avaient trouvé un coupable (les graisses) et avaient orienté, plus ou moins massivement, les consommateurs et les producteurs vers des nourritures de substitutions qui, à leur tour, ont entraîné un problème plus grave encore (celui de l’obésité et du diabète).

Du reste, certains éléments corroborent cette thèse: les industriels, confrontés aux campagnes sanitaires contre le gras, ont assez rapidement adapté leurs processus de fabrication. Or, pour remplacer les matières grasses des aliments, qui véhiculent généralement le plus de saveurs, un des ingrédients de substitution privilégié sera le sucre, sous forme de glucose ou de sirop fructose-glucose. Outre son prix modique, le sucre (comme le sel) est un exhausteur de goût et permet donc de compenser la perte de saveur des aliments qu’entraîne le retrait des matières grasses.

USDA-food-pyramid-1992En outre, introduire des doses plus ou moins importantes de sucre ne posait pas de problème puisque ces mêmes autorités sanitaires avaient tacitement donné leur accord, notamment grâce à l’introduction de la fameuse pyramide alimentaire produite par le USDA (US Department of Agriculture) dans laquelle on retrouve ces sucres, féculents et autres céréales en première position.

Depuis, les recherches médicales, tant sur les problèmes cardio-vasculaires que sur les problèmes d’obésité et de diabètes, permettent de comprendre que si certaines graisses peuvent en effet provoquer des maladies cardio-vasculaires (les graisses trans hydrogénées, produites de façon industrielle, et l’acide linoléique), c’est bien le sucre en général, et notamment le fructose (qu’on retrouve dans le HFCS), qui est le principal responsable de l’explosion catastrophique des cas de diabète de type 2 et d’obésité dans le monde.

De ces éléments, on pourra retirer quelques enseignements éclairants.

En premier lieu, ces dérives alimentaires montrent que, conformément à ce qu’on observe dans bien d’autres domaines, les individus accordent finalement bien trop confiance à leur gouvernement, quand bien même celui-ci n’a jamais vraiment fait la preuve de sa grande clairvoyance. Ils ont assez docilement suivi, avec obéissance (puis obésité) les fines recommandations qui leur furent fournies par les autorités et qui en menèrent une partie directement à la tombe.

En outre, il apparaît que les autorités, en se mêlant de nutrition, ont causé d’énormes dégâts, et le nombre de morts prématurés qui peut leur être imputé doit se compter en millions. Ne vous inquiétez pas: l’énorme avantage d’un gouvernement est qu’il n’est responsable que des réussites flamboyantes, les échecs étant orphelins et toujours supportés par tous, peuple en premier. Dans ce contexte, il est plus qu’urgent de se demander s’il est vraiment du sort de l’État de s’occuper de notre assiette.

Enfin, à l’aune des résultats calamiteux dans le domaine alimentaire, il est indispensable que tous, nous conservions le réflexe de nous tenir aussi loin que possible des recommandations du gouvernement en la matière, et, encore mieux, d’étendre cette légitime précaution à l’ensemble des « conseils » qu’il formule régulièrement, que ce soit en matière d’investissement, de sécurité, de gestion des énergies (renouvelables ou pas) ou de l’information qu’il nous distribue avec une générosité douteuse.

La santé, et finalement, notre vie sont des biens trop sérieux pour être laissés dans les mains de cette bande d’irresponsables.

government-demotivator

source: http://h16free.com/2016/04/15/52416-lennemi-sucre

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Stof
Stof
16 avril 2016 10 h 52 min
Le sucre industriel est effectivement la cause principale (pas le sucre des fruits à IG modéré), mais également les céréales, autrement dit les “sucres lents”, qui ne sont lent que parce que le pic glycémique arrive un peu plus tard.
Mais l’excès de lipides peut aussi fatiguer le pancréas.

Enfin, l’obésité n’est pas vraiment la cause du diabète, c’est plutôt un symptôme pré-diabétique, quand le glucose n’arrive plus aux cellules et se retrouve stocké sous forme de graisses.

Mr Reynard
Mr Reynard
19 avril 2016 7 h 50 min
Répondre à  Stof
En Inde, le diabète devient un fléau pour les pauvres
Au cours des trois dernières années, l’épidémie a augmenté de 25 % en Inde,

Sont ils obese en Inde ??

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/02/11/en-inde-le-diabete-devient-un-fleau-pour-les-pauvres_1478574_3244.html#ZBi4C5zqiUG7k4F5.99

I-cube
I-cube
16 avril 2016 14 h 13 min
Parfaitement d’accord avec l’article de fond !

Je suis un exemple vivant d’insulino-résistant qui s’ignorait, en surpoids de l’ordre de 30 kg accumulés au fil des décennies, tel qu’on me surnommait “Double-quintal”.
Il ‘a fallu une petite blessure au pied qui ne cicatrisait pas pour que j’aille voire un toubib (jamais croisé depuis 35 ans, même pas celui “du travail”), parce que ça dégueulassait mes pompes, mes chaussettes, mes tapis, moquettes et parquets.

2,75 g/l de glycémie, hypertension de l’ordre de 22/12, le reste, à peu près normal.
Le toubib m’a expliqué que le sucre bouche les veinules les plus lointaines (les membres longs), du coup le cœur pompe plus fort au risque d’AVC dans les artérioles de ma boîte à neurones et que les 2 maladies sont classées ALD, totalement prises en charge, parce qu’on ne s’en soigne jamais.
Je raconte tout ça et la suite ici :
http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/11/hommages-mon-ange-gardien.html,
Parce que du coup, le sucre inutilisé par l’organisme va se stoker sous forme de graisses dans les tissus adipeux et ça, les cellules cancéreuses adorent !

Tiens donc, du jour au lendemain, je me suis mis à regarder les étiquettes de composition de ce qui est vendu en magasin comme “aliments”.
Sachant que même dans un bout de pain, il y a 50 % de glucides, que dans le moindre plat (hors les légumes, moi qui ne mange pas d’herbes, mais les bêtes qui mangent de l’herbe) il y a entre 30 et parfois 70 % de glucide, j’ai banni tout ce qui avait 2 chiffres avant la virgule de glucides pour 100 gramme !
Du coup, je mange de la viande comme toujours, un peu plus de poisson (pour diverdsifier et même des “gras”), autant de charcuterie et d’alcool fort (vin mais plus de cidre-poirée et autre) et un peu plus de légumes (mais sans riz) : Régime “103PR” !
Sans trois P (pour pain, pate, patate) et R pour riz (la base de mon alimentation quotidienne jusque-là).

Résultats spectaculaires, même avec beurre et huile, en 5,5 mois, je témoigne avoir perdu 17 kg (et ce n’est pas fini !), sans jamais avoir eu faim, sans vraiment faire de sport (je suis né “Corsu”, donc partisan du moindre effort), ma tension est redevenue calme (à 13/7) et mon taux de glycémie oscille désormais entre 0,9 et 1,1 g/l selon mon stress de la journée !
Je le dépasse seulement si je fais un “petit-écart” parce que je n’ai pas mes sucrettes pour le café : Radical l’effet du “petit-bout” du gâteau de la tante machin, “pour faire plaisir” : Le lendemain = entre 1,3 et 1,4 !
Bon là, j’attaque les graisses plus que trentenaire, les plus difficiles à faire fondre…
Je vous en reparle dans 3/4 mois.

Pour le reste, je cuisine tout-à-fait normalement, me fais des desserts lactés, voire des glaces et sorbets, sucrés au Stévia ou au Ginko qui supportent la cuisson au four.
En revanche, la peau se flétrit, se ride, les muscles ne perdent pas de leur puissance mais fondent quand même, mes côtes ressortent et j’arrêterai un peu cet été quand mes “plaquettes de chocolats” sur le ventre se redessineront sur les plages.

Les “recommandations” des autorités étatiques et sanitaires sont vraiment criminelles.
J’y ai échappé grâce à mon “ange-gardien”, qui s’est démerdé pour en jouer afin de me révéler mon crabe posé tranquillement sur le rein : Le cancer, quand il fait souffrir, c’est trop tard pour le soigner.
Celui du rein, il ne se manifeste que quand vous pissez du sang (pareil pour le colorectale, le poumon ou ailleurs) : Et là, c’est absolument insoignable !
Petite revanche sur tous les abrutis qui nous gouvernent…

Bien à vous toutes et tous !

I-Cube

Maître Cube
Maître Cube
16 avril 2016 16 h 26 min
Contrairement à ce que laisse supposer son nom, l’amère loque doit avoir un sacré bon goût avec tout ce sucre !
Il devra bientôt se méfier du cannibalisme, quand il n’y aura plus rien à manger.
I-Cube
I-Cube
17 avril 2016 9 h 18 min
Répondre à  Maître Cube
Ca, c’est le diabète “sucré”, de type 1…
Les glucides pourtant indispensables (le cerveau en fait grande consommation) foutent le camp dans les urines par défaut d’insuline, et ça fait des “pisses-sucrées”…
Pas bon : On risque le coma diabétique au moindre effort et jusqu’à y rester les yeux grands ouverts sur rien !

Bien à vous !

I-Cube

bina
bina
16 avril 2016 18 h 23 min
Un petit complément à cet article très préventif:
https://www.youtube.com/watch?v=dlfV6WMCFeg
bina
bina
16 avril 2016 18 h 32 min
Répondre à  bina
Dr Richard Horton (Lancet): “La moitié de ce qui est écrit dans la littérature médicale est peut-être faux.”
Le Dr. Horton est rédacteur en chef du journal médical le plus connu mondialement. Depuis quelques années, de plus en plus de professionnels ont partagé une vérité qui, pour plusieurs, est difficile à avaler. Une de ces autorités est le Dr. Richard Horton, rédacteur en chef actuel du « Lancet », considéré comme l’un des journaux médicaux des plus respectés et dont les articles sont révisés par des pairs.

Le Dr. Horton a publié récemment dans le Lancet une affirmation déclarant qu’une grande partie des résultats des recherches publiées sont, au mieux, sujets à caution, si non complètement faux.
suite sur: http://initiativecitoyenne.be/2015/05/la-moitie-de-ce-qui-est-ecrit-dans-la-litterature-medicale-est-peut-etre-faux-dr-richard-horton-redacteur-en-chef-du-lancet.html
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Pour celles/ceux qui se soucient de leur santé. J’en consomme et je me sens bien/mieux depuis.
https://www.youtube.com/watch?v=SmY-VX9bw2Y

bina
bina
18 avril 2016 12 h 19 min
Répondre à  bina
bina
bina
18 avril 2016 12 h 20 min
Répondre à  bina
roc
roc
16 avril 2016 19 h 24 min
si il n’y avait que le sucre !
en France il y auras bientôt a nouveau du Monsanto ! ! !
https://rocbalie.wordpress.com/2016/04/16/le-conseil-detat-francais-annule-linterdiction-du-mais-ogm-monsanto-mon810/