La trahison contre Ceaucescu

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Le 25 Décembre 1989, à Targoviste, jour de l’exécution du couple Ceausescu, il a été prononcé une phrase pleine de vérité: «Vous voyez, le traître est toujours proche de vous.” La personne visée était Victor Athanase Stănculescu responsable de l’organisation de l’exécution du couple Ceausescu.

Un agent d’un service étranger placé dans une position clé dans l’état cible, vaut une armée entière. Stănculescu a probablement été recruté en 1986 par un agent du MI6 (Services secrets des renseignements extérieurs britanniques). L’agent s’appelait George Pop, citoyen britannique d’origine roumaine, qui a travaillé en 1984 en Roumanie, représentant la société Rolls-Royce, division des moteurs d’avions et du matériel militaire. Il a supervisé l’assemblage de moteurs d’avions ROMBAC (BAC-1/11 construit sous licence en Roumanie).

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Plus tard, le MI6 avait fait passer à Stănculescu des informations de collègues à l’AVO hongrois (NDT : Police secrète hongroise) qui avaient mis au point un dispositif concernant la possibilité de réaliser des opérations d’importation des équipements militaires en Roumanie, impliquant des négociations avec son homologue hongrois du Département des dotations et Ferenc Karpati, le chef d’état-major hongrois. Sous ce prétexte Stănculescu parvint, en Août 1989, à assister à un séminaire de formation organisé par AVO dans une villa située sur les rives du lac Balaton. Au cours de cette réunion ils ont reçu un rôle décisif, qui était de faire le coup d’Etat du 22 Décembre 1989 pour écarter définitivement Ceausescu du pouvoir. Curieusement – ou peut-être pas, certaines des discussions de Victor Stănculescu au bord du lac Balaton et les contacts ultérieurs avec l’attaché militaire hongrois en Roumanie, Sandor Aradi étaient connus du contre-espionnage roumain. La Sécurité a enregistré le 11 Septembre 1989 des appels de Aradi reçus de Budapest, où il il était question de “corbeille de fruits” que Stănculescu aurait donné à l’attaché militaire dans les bureaux du ministère de la Défense.

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La mission que devait remplir Stănculescu à Timisoara avec Gusa (NDR : Général roumain, alors chef d’Etat-Major) est déduite de la destruction effectuée par l’armée sous leur direction. Comme son rôle dans Timisoara était déjà terminé, le 20 Décembre à 05h00, Stănculescu, en attendant l’issue du rassemblement qui devait avoir lieu, s’est présenté à l’hôpital militaire de Timisoara en simulant une crise de vésicule biliaire, et a annoncé ensuite au général Milea par téléphone qu’il devait retourner à Bucarest. Chose qu’il fit le lendemain soir 21 Décembre 1989, avec un avion militaire. Dans la matinée du 22 Décembre à 06h00, Stăculescu est allé à l’hôpital militaire central, cette fois pour se faire mettre le pied dans le plâtre. Cette manœuvre faisait partie du plan de renversement du régime de Ceausescu, parce que, après 09h00 heures et le suicide du ministre de la Défense, le général Vasile Milea, Stănculescu devait empêcher à tout prix l’annulation du coup, dont dépendait sa nomination en tant que ministre de la Défense. Nicolae Ceausescu, pour éviter une trahison dans l’armée aurait pu nommer son frère, le lieutenant-général Ilie Ceausescu comme ministre de la Défense, puisqu’il était aussi l’un des trois adjoints de Milea.

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Après le départ du couple Ceausescu  du siège du CC à 13h30, Stănculescu appela un médecin militaire au siège du Ministère de la Défense, qui se déplaça  entre temps pour venir le dégager de son plâtre. C’était ce même médecin qui, à l’hôpital militaire central, le lui avait mis: le médecin –Colonel  Niculescu, chef de service de Traumatologie. Gusa est parti à Timisoara le 22 Décembre à 12 h 45 et, 5 minutes après, Stănculescu  annonçait qu’il avait réussi le coup d’état selon le plan prévu, si bien qu’il n’avait plus qu’à achever le travail le 25 Décembre par la suppression physique des Ceausescu. Le pouvoir fut remis entre les mains de Ion Iliescu qui se mit à appliquer, avec Gusa, un autre scénario, celui avec des terroristes, qui en réalité n’existaient pas, et qui provoqua 942 autres morts roumains. Tous les ordres sont venus de Timisoara, ils n’ont pas été donnés par Ceausescu.

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Se référant à Stănculescu et aux généraux de l’armée roumaine de 1989, Miklos Nemeth, ancien Premier ministre de Hongrie, a confirmé, selon Branstatter Susan, réalisatrice du documentaire consacré à la Révolution roumaine de Décembre 1989 intitulé «Echec et mat – Stratégie d’une révolution”, que la Hongrie avait réussi à recruter de nombreuses personnes à des postes clés dans le régime de Ceausescu. Il a défini les critères de recrutement par des termes disant que ces personnes étaient en mesure d’aider les victimes du régime. Cynique pour les familles des 1104 personnes tuées par l’armée au cours des événements roumains de 1989, mais aussi réaliste du point de vue de l’intérêt national de la Hongrie qui a toujours cherché à «libérer» la Roumanie, surtout la Transylvanie roumaine.

Valentin Vasilescu

Traduction Avic

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ODIN
ODIN
14 décembre 2013 12 h 48 min
Grand merci à Valentin vasilescu pour ces précisions. Nous savions depuis la révolution que le général Stanculescu était un traître de la pire espèce ainsi que tous ceux qui composaient le tribunal “révolutionaire”
De même Ion ILLESCU était un rat de la pire espèce. Nous devons toute cette mascarade à nos chers amis de la CIA qui tiraient les ficelles en coulisse.