La cuisine politique européenne : on dispute la place devant le fourneau

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Les « ménagères » européennes se querellent en échangeant des reproches : qui est coupable de l’état des ustensiles: de l’économie et des finances des pays de l’UE et qui a le droit de décider : qui, quand et comment doit-on préparer et assaisonner tels ou tels mets politiques.

« Fermez votre bouche, madame Merkel ! » Ces propos écrits en allemand sur Twitter par le politicien français de la gauche Jean-Luc Mélenchon sont cités ces derniers jours à peu près dans tous les journaux allemands. Mélenchon a ajouté en allemand : « La France est libre » et en français : « Occupez-vous de vos pauvres et de vos équipements en ruines ». Mélenchon a fait cette réplique en réponse à la critique de la France par la chancelière allemande Angela Merkel dans une interview qu’elle a accordée au journal allemand «Welt am Sonntag». Merkel a exhorté les leaders français et italien à déployer plus d’efforts pour appliquer les réformes économiques.

Selon le journal allemand Deutsche Wirtschafts Nachrichten, les politiciens français et italiens ont engagé une attaque de riposte contre Merkel. Ce ne sont pas leurs pays, mais l’Allemagne qui est aujourd’hui le problème le plus sérieux pour l’eurozone.

Pour reprendre l’expression du ministre français des finances Michel Sapin, en appliquant les réformes économiques, la France ne se propose pas d’assurer la bienveillance d’un tel ou tel chef du gouvernement. Ce sont des réformes dans l’intérêt de l’Etat. Qui plus est, l’Allemagne a de multiples problèmes intérieurs : par exemple, la nécessité de reconstruire l’autoroute ou un bas taux de natalité. Selon Sapin, il est possible que la France la devance dans vingt ans d’après la population.

Le Secrétaire d’Etat italien aux affaires européennes Sandro Gozi s’est montré lui aussi déconcerté par la critique de Merkel. Il vaudrait mieux pour Angela Merkel de s’occuper du règlement de ses problèmes en recherchant, par exemple, de nouvelles sources d’investissements dans l’économie.

Il convient de noter qu’une réaction par trop nerveuse des Français et des Italiens à la critique de la part d’Angela Merkel a eu lieu dans le contexte des déclarations de plus en plus dures de Frau la chancelière à l’égard de l’administration russe. L’édition interactive Alles Schall und Rauch se demande : « Quel diable a possédé Merkel ? Il est impossible d’expliquer rationnellement son zèle belliqueux et sa russophobie ».

Cela ne provient pas exclusivement de l’aspiration à gagner des points à la veille du Congrès de la CDU qui s’est ouvert le 9 décembre. Les origines sont plus profondes, dit le vice-président de l’Académie des problèmes géopolitiques Vladimir Anokhine.

« L’Allemagne joue actuellement le rôle d’un gendarme en Europe en adoptant une attitude franchement pro-américaine, dit Vladimir Anokhine. Elle essuie les pertes suite aux sanctions et aux mesures de rétorsion appliquées par la Russie. La France et l’Italie assument le préjudice encore plus sérieux : il suffit d’évoquer l’histoire avec les « Mistral », la perte du South Stream. D’où les origines tant historiques qu’économiques de l’antipathie pour l’Allemagne. A mon avis, l’UE s’est fêlée et cette fois la fêlure passe à travers les principaux pays du continent. Je pense qu’une crise politique sérieuse s’ébauche en Europe. »

Il faudrait réadresser sans doute la question de l’expert aux leaders politiques de l’Europe unie.

http://french.ruvr.ru/2014_12_09/La-cuisine-politique-europeenne-on-dispute-la-place-devant-le-fourneau-9819/