Internationalisme libéral ou comment suicider les nations

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Le 27 juin, au cours de son entretien avec le journal londonien Financial Times, le président russe Vladimir Poutine a expliqué que l’internationalisme libéral, à présent délétère et agonisant, a déclenché en Occident une vague d’indignation tout à fait prévisible. Or, au cours de cet entretien, Poutine savait ce qu’il faisait et disait, et bien entendu, il avait parfaitement raison.

Parmi les principaux dirigeants de la planète, le président russe est unique en son genre. Poutine l’est non seulement grâce à sa vision à long terme des événements – la plupart des politiciens au pouvoir depuis quelque temps s’imaginent ainsi –, mais Poutine a toujours su très clairement où il devait se tenir afin de perpétuer la grande tradition russe.

Poutine a toujours cherché la coopération pacifique, le partenariat et de bonnes relations avec l’Occident – et il a presque toujours été repoussé, à part quand l’Occident avait désespérément besoin de lui. Mais avant tout, il a cherché à préserver et à faire revivre les valeurs russes traditionnelles et à créer une société stable, prospère et en plein essor.

Après 20 ans au pouvoir, Poutine avec son adjoint et bras droit de toujours, son Premier ministre Dimitri Medvedev, ont accompli d’étonnants progrès d’amenuisement des terribles dommages moraux, démographiques, environnementaux et psychologiques, infligés par trois quarts de siècle de communisme. La tâche reste pourtant monumentale.

Comme tant d’autres Russes, Poutine se souvient par-dessus tout de Dostoïevski, et il fait sienne son opinion que le cauchemar communiste est né du libéralisme occidental déchaîné et débridé. Et il voit clairement que depuis la débâcle du communisme et la fin de la guerre froide en 1989-1991, le libéralisme international, avec ses exigences rigides de libre-échangisme total et de sans-frontiérisme, de mouvements populaires et de populations, a déclenché le chaos d’un nouvel âge des ténèbres sur l’humanité souffrante.

Les horreurs du trafic international d’êtres humains, de l’exploitation de millions de jeunes enfants dans les réseaux pédocriminels du monde entier, du chaos provoqué par la manipulation des monnaies et les convulsions économiques, ont atteint des sommets inimaginables, et il en était de même à la fin du XXe siècle.

Poutine se rend compte que l’avenir réside dans les États-nations forts et cohérents, à l’image de la Russie, de la Chine et des pays qui se réappropriant leur pouvoir perdu, cherchent à coopérer ensemble pour le bien de chacun.

Les illusions occidentales, le libre-échange sans borne et les frontières ouvertes, ne font qu’ouvrir la porte au chaos, à la pauvreté, aux guerres inutiles et aux interminables flux migratoires non régulés qui anéantissent la sécurité et la stabilité des sociétés avancées. Seuls les trafiquants de drogue, les esclavagistes et les terroristes, peuvent vraiment s’épanouir dans un monde pareil – et ils ne s’en privent pas.

Il y avait une profonde ironie quand, avec son grand sens de l’humour, Poutine a pris plaisir à dire ces vérités au Financial Times. Le Wall Street Journal new-yorkais et le Financial Times londonien sont les deux grands piliers médiatiques de la croyance au gros business libéral déréglementé – incarné tout au long du 19ème siècle par le suprême faux jeton William Ewart Gladstone.

Fondateur et chef du fameux parti libéral britannique, adulé sous le nom de ‘William du peuple’, Gladstone était l’héritier d’une immense fortune (équivalente à plusieurs milliards du XXIe siècle) fabriquée par son père John Gladstone, l’un des plus grands marchands d’esclaves du port de la ville de Liverpool. Dans les années 1860, pendant la guerre de sécession, Gladstone s’employa à encourager la victoire et la survie de la confédération esclavagiste.

En outre, le Royaume-Uni – patrie des lumières laïques du libéralisme moderne d’où il se propagea aux États-Unis – aux prises avec l’Union Européenne, elle aussi sérieusement ébranlée, se désintègre franchement aujourd’hui. C’est pourquoi il aurait été difficile de trouver une tribune médiatique plus appropriée et plus porteuse d’ironie pour prédire le sort du libéralisme laïque. Et Poutine savait ce qu’il faisait.

Poutine comprend aussi très bien la logique des conséquences les plus graves et les plus sombres de la vision prophétique de Dostoïevski. Afin de prospérer et se répandre, pendant des siècles, le libéralisme a prétendu banaliser la tolérance, respecter la diversité et priser la vérité. Or partout en Occident de nos jours, régnant sur les colossaux conglomérats médiatiques et l’immense bureaucratie de l’État profond, les apparatchiks du libéralisme étouffent et avilissent systématiquement toutes vérités, scepticisme, opinions divergentes et arguments qui les gênent ou les menacent.

Des faits historiques incontournables, montrant qu’en réalité les nations s’épanouissent et se développent rapidement quand leurs industries et leur agriculture sont à l’abri de la concurrence étrangère déloyale et manipulée, ne sont tout simplement pas enseignés dans les pays occidentaux. Étouffés, ceux-ci sont en voie d’extinction.

L’affaire de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), conclue en 1994 par le président Bill Clinton, est évidente pour tout le monde : Loin d’apporter la prospérité aux États-Unis et au Mexique, cet accord a déchaîné un nouvel âge sombre sur les deux nations : criminalité, trafic de drogue, exploitation criminelle, terrorisme des gangs d’adolescents et guerre civile.

Mais quand de rares personnes, comme Poutine ou Donald Trump, se dressent et dénoncent ces vérités évidentes, elles font aussitôt l’objet d’un déferlement de haine hystérique.

Les cauchemars produits par le grand mensonge, qui ont été si lucidement prédits par Yevgeny Zamyatin et George Orwell, s’épanouissent avec plus de vigueur que jamais à Londres, Washington et New York – mais pas à Moscou et Pékin.

De toute façon, le grand mensonge agonise debout : Il a propagé la souffrance, la misère, le doute et même la terreur au sein des populations soumises où ses apparatchiks ont imposé leurs croyances sans tenir compte de la volonté démocratique clairement exprimée. Partout dans le monde occidental, et au demeurant au Japon et en Inde, des populistes, des dirigeants patriotes sont apparus. Ils s’attachent à contrecarrer les principes suicidaires de l’ouverture des frontières, du commerce débridé et des flux d’immigration que les institutions supranationales tentent de leur imposer depuis 75 ans.

Ces dirigeants ne cherchent pas à ce que le monde traverse un nouvel âge sombre de chaos et de guerre. Au contraire, ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour l’éviter.

Poutine n’est pas seul au monde : Il œuvre à l’émergence de ce nouveau grand consensus constructif. Mais les forces des ténèbres et du chaos s’interposent, le Nouveau Testament nous en a prévenu, car les messagers des lumières [franc-maçonnerie luciférienne ? NdT] restent déterminés à réimposer leurs mensonges.

Strategic Culture Foundation, Martin Sieff

https://www.strategic-culture.org/news/2019/08/16/why-liberal-internationalism-has-already-lost-the-global-struggle-for-the-future/

Traduction Petrus Lombard

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tibidi
tibidi
18 août 2019 11 h 48 min
Bravo Petrus. Voilà un article limpide, un résumé vivant de la situation géo-politique. Deux réflexions ;
1. On peut se demander ce que va faire l’Empire lorsqu’il se rendra compte que tout est foutu : un génocide nucléaire ou – plus réaliste – bactériologique ?
2. il y a 20 ans, on était 10 ans après la chute du mur. La Russie m’apparaissait comme finie : déchue de son statut de grande puissance, un pays froid et pauvre, sans liberté … Aujourd’hui, comme beaucoup d’entre nous, je pense sérieusement à aller vivre là-bas. Sotchi n’est pas une région polaire …
Glaudio
Glaudio
18 août 2019 19 h 40 min
Répondre à  tibidi
Cher ami, vous n’êtes pas le seul à nourrir cette envie.
Nombreuses sont les personnes que je connais directement ou par relation, qui envisagent de quitter la France pour aller vivre en Russie.
Personnellement, dès que mon russe atteindra le stade de la communication directe, je fais mes valises, direction Yalta en Crimee redevenue Russe.
J’y ai déjà quelques connaissances et pour rien au monde, ils ne reviendront en France.
La vie y est semble t-il facile, agréable et du côté pécuniaire, très à la portée de mes moyens. Bien bien plus que chez nous.
Cordialement.
Rethy
Rethy
18 août 2019 11 h 55 min
L’ancien de la GE doit être malade de lire cet article.
Felix
Felix
18 août 2019 12 h 46 min
« Seuls les trafiquants de drogue, les esclavagistes et les terroristes, peuvent vraiment s’épanouir dans un monde pareil – et ils ne s’en privent pas.« 
Absolument , nous pouvons les constater tous les jours; « les lois » sur mesure, etant faites PAR eux , POUR eux et leurs complices grassement rémunères ( politicards larbins , et experts de pacotille en tout genre qui volent , mentent en soumettant les societes a leurs frasques).
Plus de morale , plus d’ethique , valeurs inversées…….
Les resistants sont des terroristes, les terroristes sont des opposants moderes et LEGITMES !
Que prend un pedophile recidiviste lorsqu’il est enfin juge ?
Que prend un escroc quand il y a une plainte contre lui ? RIEN , puisque c’est l’escroque qui est en tord parce que trop naif .
Merci les francs macs : liberte ,egalite ,fraternité …..jolie fable qui ne s’applique qu’a votre  »secte » et certainement pas aux autres.
Il va etre tres complique de renverser cette tendance.
Pierre Lalanne
Pierre Lalanne
18 août 2019 13 h 09 min
L’auteur emploie apparemment l’expression Internationalisme libéral à la place du mot mondialisme.
Pour parodier Rethy, je dirai : C’est Rothschild qui va être content en lisant ça. Il ne voudrait pas que tout le monde sache que son beau mondialisme est cramé.
Serge Mullins
Serge Mullins
18 août 2019 13 h 32 min
Un article revigorant!!!
Charles André Legrand
Charles André Legrand
18 août 2019 17 h 22 min
Le terme qui s’applique le mieux à l’impérialisme américain est celui de “globalisme”, c’est lui qui écrase les peuples comme la photo du début le montre si bien. Le mondialisme est tout à fait différent : il respecte les nations et les peuples. Le vrai libéralisme est fondé sur la liberté, c’est le néo-libéralisme, le capitalisme sauvage, débridé, déréglementé qui est la cause des malheurs de la planète. La bonne utilisation des mots est d’une extrême importance, elle permet d’éviter les confusions et de mieux comprendre les évènements. C’est bien pour cette raison que la pratique des mensonges perpétuels et des inversions de sens contribue de façon éclairée à l’obscurcissement des consciences.
http://charlesandrelegrand.over-blog.com/
Cyrus Moazami
Cyrus Moazami
18 août 2019 17 h 50 min
C’est une analyse réactionnaire et anti communiste , si la Russie est un pays prospère et une superpuissance c’est d’abord grâce à l’Unions Soviétiques sans entrer dans un débat sur les acquis de la révolution socialiste de la Russie de 1917 , je suis extrêmement déçu de cette article dans un journale que je considèrerait internationaliste et progressiste, alors que cet article tout simplement c’est pro Vladimir Poutine et la Russie de Poutine
Serge Mullins
Serge Mullins
19 août 2019 0 h 38 min
Répondre à  Cyrus Moazami
Oui et alors! Vous eussiez préféré un Macron à la place de Poutine LOL Le communisme n’a jamais existé que comme un Paradis à atteindre. Pas un seul pays ne s’appelle République communiste mais socialiste. Poutine compte tenu des erreurs fatales de l’URSS ne pouvait redresser la barre qu’avec un compromis.Et il faudra du temps à la Russie pour revenir sur le chemin d’un vrai socialisme.Regardez donc le Donbass qui lui, grâce à sa faible dimension et son unité se rapproche de plus en plus d’un véritable socialisme. Ce n’est pas un article anti-communiste mais anti-utopisme…