Adieu le remaniement, bonjour Manuel Valls. Au lendemain de la plus grave défaite à des élections locales jamais connue par le PS, Jean-Marc Ayrault quitte donc l’hôtel Matignon. Une première, là aussi, au lendemain d’élections municipales. Mais au fond, à quoi bon changer de Premier ministre si ce n’est pas pour changer de politique ? Le Premier ministre, simple fusible présidentiel, comme toujours sous la Ve République ?
Les étudiants en sciences politiques se plaisent à dire qu’en la matière Mitterrand avait chaussé les bottes de De Gaulle, et Chirac, les pantoufles de Mitterrand… Alors que Nicolas Sarkozy qualifiait son Premier ministre, François Fillon, de simple “collaborateur”, le premier secrétaire du PS, un certain François Hollande, estimait pour sa part qu’en cas de crise grave, il appartenait au président de la République d’en tirer personnellement toutes les conséquences, dans le pur style gaullien post-référendaire…
Ainsi, dans Devoirs de vérité, (éd. Stock), rédigé en 2006 avec Edwy Plenel, François Hollande ne mâchait pas ses mots : “Je préconise un exercice de vérification démocratique au milieu de la législature. (…) Si d’aventure, à l’occasion de cette vérification, une crise profonde se produisait, ou des élections législatives intervenaient, contredisant l’élection présidentielle, nous en tirerions toutes les conséquences en quittant la présidence.” Démissionner en cas de crise profonde au lieu de se contenter de changer de Premier ministre ? Mais ça, c’était avant…
Judikael Hirel
Avec tous les pouvoirs en mains les socialistes se croyaient tout permis et pensaient les citoyens dressés pour subir démocratiquement !
Ils estimaient qu’ils pouvaient continuer à leur faire croire que…
Pour changer il suffit de voter et ils ont voté et revoté… mais le changement ce n’est pas pour maintenant ni même pour demain… C’est peut-être pour après, après demain !
Pour sortir de la crise il faut retrouver la croissance et ils les ont crus momentanément…
Pour atteindre la croissance et retrouver le plein emploi il faut plus de productivité, de compétitivité et le respect du fumeux pacte de responsabilité et ils ont tout accepté. Pour « préserver leur emploi » ils ont même dit oui à travailler plus et gagner moins… En estimant que c’était mieux que rien.
Pour traverser cette période « de crise passagère » qui ne passe pas, il faut que les personnes modestes serrent – encore plus – la ceinture pour que les gens aisés puissent la desserrer plus et pour que la classe politique qui profite du système puisse préserver ses privilèges…
Mais celles et ceux qu’ils croyaient soumis et serviles ont décidé d’abord de faire subir une débâcle historique aux malades du pouvoir en sanctionnant leur arrogance, leur mépris… Avec eux, ils ont sanctionné tous les autres opportunistes.
Ils ont été avertis à maintes reprises à revenir à la raison et à servir de manière juste et honnête la politique ou invité à partir avant qu’ils ne soient éjectés… Leur arrogance les a conduits à la situation humiliante où ils se trouvent à présent.
Maintenant soit ils vont sortir définitivement de ce jeu de passe-passe entre une droite pas très adroite et une gauche vraiment gauche et préparer l’alternative au système capitaliste soit ils vont chercher à s’accrocher aux places restantes jusqu’aux prochaines défaites et probablement subir la réaction d’un peuple poussé à bout…