En dépit des pressions énormes exercées par l’Administration Obama, le Japon n’a pas signé le projet d’accord pour un Partenariat trans-pacifique (TPP) avec les Etats-Unis lors de la visite d’Obama à Tokyo.
Même la déclaration conjointe, qui mentionne les îles Senkakou/Diaoyou disputées entre la Chine et le Japon, n’a pas pu être publiée à temps pour la conférence de presse. Selon le Straits Times :
Les deux dirigeants espéraient arriver à un accord de principe sur le Partenariat trans-pacifique (TPP). Mais même si les négociations ont duré toute la nuit, Obama n’a pu obtenir des Japonais que la promesse de poursuivre les pourparlers (…). Les Japonais ont blâmé les Américains. Les médias rapportent que les négociateurs américains ont tenu la déclaration ’’en otage’’ pour forcer les Japonais à faire des concessions supplémentaires sur le TPP. Des responsables américains auraient même menacé d’enlever de la déclaration la mention aux îles disputées si les Japonais refusaient de céder. (…) Le représentant américain Michael Froman pour les Affaires commerciales a été accusé d’avoir bloqué les négociations en introduisant des demandes de dernière minute (…).
Le Washington Post commente : « L’incapacité des deux côtés à tracer ne serait-ce que les grandes lignes d’un accord est un nouvel échec en matière de politique étrangère pour un gouvernement. »
On a tenté de pousser le Japon à accepter des sanctions substantielles à l’égard de la Russie, en raison de la crise ukrainienne, mais les Japonais n’ont pas voulu menacer leurs approvisionnements en gaz en provenance de Russie.
Obama n’a pas eu beaucoup plus de succès en Corée du Sud. Sa tentative de la rapprocher du Japon et de saboter toute possibilité de discussion avec la Corée du Nord n’a pas fonctionné.
Pour sa visite en Malaisie, Obama poursuivait les mêmes objectifs que ceux mis de l’avant au Japon (endiguement de la Chine et TPP). La dernière visite d’un président américain dans ce pays date d’octobre 1966 (celle de Lyndon Johnson). Celui-ci cherchait alors à gagner le soutien des Malais pour ce qui allait devenir une guerre désastreuse contre le Vietnam.
Source : solidariteetprogres.org
Quel peut être le sort de ce monde sinon LA PERDITION ….
– Le Japon n’a pas voulu du TPP? Pas bien grave pour Obama, il ne vise pas le Japon mais la Chine et la Corée du Sud. Vous pouvez vous faire une idée de la vivacité de Séoul, même si elle est loin de rattraper la Chine, en cliquant sur le lien ci-après:
http://world.kbs.co.kr/french/news/news_Ec_detail.htm?lang=f&id=Ec&No=43500¤t_page=2
– Le Japon s’est tourné depuis quelques mois vers la Russie et son gaz, et lorgne sur l’Europe, de plus en plus.
http://www.romandie.com/news/Shinzo-Abe-espere-une-rapide-conclusion-dun-accord-economique-avec/473265.rom
– Ensuite, même si Tokyo et Séoul ne sont pas alliés, un tribunal nippon vient de statuer sur les fameuses îles Dokdo que se disputent les deux belligérants. Et donc, d’après ce tribunal, les îles en question sont bien administrées par la Corée.
http://world.kbs.co.kr/french/news/news_In_detail.htm?lang=f&id=In&No=43490¤t_page=
Je concède que ce n’est pas encore la fraternité entre les deux peuples, mais c’est un pas en avant que Shinzo Abe ne va pas entraver.
– Pour finir, et pour parler de géostratégie, Obama a signé un accord avec les Philippines en vue de déployer des navires et des troupes US dans certains ports philippins donnant directement en mer de Chine du Sud.
http://www3.nhk.or.jp/nhkworld/english/news/20140428_17.html
Si vous ne connaissez pas les enjeux stratégiques de ladite mer, je ne peux rien pour vous…
Bref, Obama n’est pas un colporteur qui ferait du porte-à-porte pour mendier quelques dollars en échange d’avions ou autres; lorsqu’il se déplace c’est pour signer des contrats ou pour dire sa façon de penser (?). Sinon, il peut se contenter d’envoyer l’un des quelconques fonctionnaire qu’il a sous ses ordres…
Quant au contentieux sur les îles Dokdo, les juges japonais bottent en touche en se déclarant incompétents et en renvoyant la « patate chaude » aux politiques des deux pays qui vont continuer de se chamailler encore un bon moment. Shinzo Abe a besoin de ces abcès de fixation nationaliste pour faire passer son programme de militarisation du Japon. Pour les mêmes raisons que dans l’entre-deux guerres, l’archipel pourrait bien être tenté de succomber à nouveaux à ses vieux démons…
A y regarder de plus près ce n’est pas tant la Corée du Sud qui fait preuve de vivacité que le Japon qui est atone ! L’écart se creuse entre la Corée et la Chine… mais à l’avantage – énorme – de la Chine.
Obama viserait la Chine ? Certainement ! Mais pour tenter de l’encercler, de l’endiguer avant d’essayer de l’abattre dans un scénario qui rappelle beaucoup celui suivi par les Etats-Unis dans les années 1930 à l’encontre du Japon… et pour les mêmes raisons : la suprématie dans le Pacifique et en Asie.
Il viserait aussi la Corée du Sud ? Mais c’est un protectorat américain depuis les années 1950 ! Sans les Américains, il n’y aurait qu’une Corée… dont la capitale serait Pyongyang. Retirez le bouclier US et il n’est pas certain que le régime de Séoul tienne très longtemps.
Les Philippines sont un autre protectorat américain dont la situation économique et financière ne lui permet pas les marges de manœuvre dont dispose la riche Corée du Sud. Opposées à la Chine (mais aussi au Viêt-Nam) pour le contrôle des îles Spratleys, les Philippines ont absolument besoin du soutien américain dans cette querelle… que Washington attise sciemment dans le cadre de sa stratégie d’endiguement de la Chine.
Obama ne mendie pas quelques dollars : il tente d’imposer (avec un succès des plus mitigés) des alliances économiques, politiques et militaires contraignantes à ses alliés et obligés asiatiques. Le problème pour les Américains est que leur déclin devient visible et que leur stratégie fait de ses pays la première ligne et la cible prioritaire d’un éventuel conflit avec la Chine et probablement la Russie. Une perspective enthousiasmante…