Amérique latine : les États-Unis face aux difficultés

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par Mikhail Gamandiy-Egorov.

Malgré le maintien de la politique washingtonienne d’arrière-cour à l’encontre des nations latino-américaines, les processus régionaux et internationaux ne font chaque jour que réduire un peu plus l’influence étasunienne sur les pays en question.

L’heure n’est vraisemblablement pas rose pour Washington en Amérique latine. The New York Times affirme d’ailleurs que le prochain Sommet des Amériques prévu à Los Angeles le mois prochain pourra être sérieusement affecté par plusieurs boycotts de leaders latino-américains.

Parmi les grands noms de ce boycott figurent ceux de Andres Manuel Lopez Obrador – président mexicain ou encore de Jair Bolsonaro, président du Brésil. En ce qui concerne le leader du Mexique – il avait en effet déclaré qu’il ne participerait pas au prochain Sommet des Amériques si les USA excluaient d’autres pays, parmi lesquels Cuba, le Nicaragua et le Venezuela.

Le président mexicain est même allé plus loin en affirmant dans un entretien à l’agence de presse Prensa Latina que les actions des États-Unis à l’encontre de Cuba constituent un génocide. À noter que le Mexique au-delà d’être un des voisins immédiats des USA – est également l’actuelle 13ème puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat. Avec en perspectives la possibilité d’intégrer le Top 10, tandis que des pays occidentaux comme la France et le Royaume-Uni vont vraisemblablement quitter ce même Top 10 sur le court-moyen terme.

En ce qui concerne le Brésil – principal puissance latino-américaine et l’actuelle 9ème puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, si le président Bolsonaro était longtemps considéré comme un sympathisant à Washington, ses relations avec Joe Biden sont aujourd’hui loin d’être au beau fixe. Y compris sur la question du refus du Brésil à se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie.

Mais au-delà de l’aspect qui concerne purement le sommet en question, de manière générale les processus pro-multipolaires semblent effectivement prendre la voie d’un éloignement de plus en plus évident de l’Amérique latine vis-à-vis de Washington, comme Observateur Continental l’avait prédit précédemment.

Effectivement, si l’axe bolivarien souverainiste et progressiste est non seulement toujours vivant avec Cuba, le Nicaragua, le Venezuela et la Bolivie, la gauche progressiste continue d’attirer d’autres pays. L’élection au Pérou de Pedro Castillo avait déjà marqué les esprits, en Colombie – l’un des principaux alliés de Washington en Amérique latine de plus en plus de doutes persistent quant aux choix stratégiques d’avenir, mais surtout la présidentielle brésilienne d’octobre prochain inquiète vivement l’establishment étasunien.

En effet, le retour fort possible au pouvoir de Luiz Inacio Lula da Silva, représentera un énorme défi pour la politique US dans toute l’Amérique latine. Rappelons à cet effet que Lula n’a jamais eu de relations cordiales avec Washington, récemment avait dénoncé la responsabilité des États-Unis et de l’UE dans la crise ukrainienne, le tout sans oublier d’être un ferme partisan du bloc des BRICS, dont le Brésil fait partie avec la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.

Fait important : Lula fait pour le moment figure de favori du scrutin présidentiel brésilien. Son élection éventuelle à la tête du Brésil créera de nouveaux problèmes pour Washington, sachant d’autant plus qu’il partage une amitié forte et ancienne avec tous les principaux leaders progressistes latino-américaines – largement hostiles aux USA par la même occasion. Et si la principale puissance latino-américaine adoptera une position ferme dans cet axe souverainiste, progressiste et résolument pro-multipolaire – il est évident que l’influence washingtonienne et occidentale en prendra un sérieux coup supplémentaire. Oui, réalité multipolaire post-occidentale oblige.

Mikhail Gamandiy-Egorov

source : Observateur Continental

6 Commentaires
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Georges Rodi
Georges Rodi
21 mai 2022 9 h 09 min
Andres Manuel Lopez Obrado, c’est la bonne nouvelle du moment.
Pour un voisin frontalier des US, il fait preuve d’une indépendance remarquable.
Ne pas faire partie de la tribu des Young Leaders doit y être pour quelque chose.
SYRIEN
SYRIEN
21 mai 2022 10 h 52 min
Il faut faire très attention aux révolutions douces et assassinats. Comportement habituel de l’occident en général et les usa en particulier.
Levasseur
Levasseur
21 mai 2022 11 h 31 min
C est loin d être gagné pour l amerique du sud
Thémistoclès
Thémistoclès
21 mai 2022 11 h 59 min
Le cas du Mexique est particulier. Ses responsabilités aussi.
Tyrannus
Tyrannus
21 mai 2022 14 h 55 min
Il faut aussi compter avec l’Argentine qui a discrètement fait une demande d’adhésion aux BRICS et a également demandé aux États-Unis de n’exclure aucun pays du sommet des Amériques.
https://www.prensa-latina.cu/2022/05/20/argentina-demanda-una-cumbre-de-las-americas-sin-exclusiones
cookiesprodromes du fascisme
cookiesprodromes du fascisme
21 mai 2022 20 h 25 min
Répondre à  Tyrannus
mais beaucoup de dirigeants latino-américains sont morts : les deux cités par Anthony Perkins : Tojirros et Roldos, faux accidents, puis Chavez et Nestor Kirchner par maladies provoquées, sans doute aussi le timide curé de gauche qui avait été élu au sinistre Paraguay. Castro c’est pas faute d’avoir éssayé, mais ils ne l’ont pas eu et il est mort de vieillesse. Quand à Zelaya a été dégagé par coup d’Etat.
Le Président d’Hïti qui refusait d’obeir au Big Pharma a été tué par un commando. Seul la Bolivie a eu sa revanche, le président élu au Pérou m’a l’air mal parti. Et au Chili je ne sais pas.